Article publié le 05 décembre 2019

Observance thérapeutique et compliance

Les maladies rénales chroniques sont par définition des maladies au long cours. Elles impliquent des traitements à vie, dont l’observance devient un enjeu clé.

Les enjeux de l’observance thérapeutique

L’observance – on parle aussi parfois de compliance, d’après le terme anglo-saxon – est définie comme étant le degré de concordance entre le traitement recommandé par le médecin prescripteur et le comportement du patient face à son traitement. Autrement dit, elle est censée permettre de répondre à la question : est-ce que le patient prend bien son traitement ?

De très nombreuses études menées ces dernières années ont montré, à des degrés divers, que l’observance des traitements devenait un véritable enjeu de santé publique, puisque de 30 à 50% des patients déclaraient ne pas bien suivre leur prescription. Certains reconnaissaient quelques oublis par ci, par-là, d’autres disaient jouer sur la fréquence ou le dosage des prises.

On estime qu’il y a non-observance dès que le respect de l’ordonnance du médecin tombe sous les 80% en termes de durée.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi les patients respectent plus ou moins bien leur traitement :

  • la nature de la maladie ;
  • le déni, voire la révolte face à la maladie ;
  • la motivation et l’implication personnelles ;
  • l’adaptation difficile au traitement au début ;
  • l’état émotionnel
  • le nombre élevé de comprimés et de prises quotidiennes ;
  • l’âge avancé ;
  • un contexte socio-familial difficile
  • le reste à charge, s’il y en a un (en principe les maladies chroniques dites affections de longue durée sont prises en charge à 100%).

Il a même été démontré que la couleur des médicaments pouvait influer sur leur prise régulière.

Ces dernières années, la question de la non-observance thérapeutique chez les patients atteints de maladie chronique est devenue un défi posé au système de santé car, d’une part, elle entraîne de nombreux décès et, d’autre part, elle coûte cher en raison des complications qui peuvent s’ensuivre et de l’escalade thérapeutique alors nécessaire.

L’observance chez les insuffisants rénaux

Le respect de la prescription du médecin est fondamental pour les malades atteints d’insuffisance rénale chronique. Les professionnels de santé les sensibilisent, notamment via l’éducation thérapeutique, à l’importance de bien suivre leur traitement afin que leur prise en charge soit optimale.

Les patients dialysés sont ainsi informés des risques et des complications cardio-vasculaires qui peuvent se développer en cas de non-observance de la prescription du médecin.

De même, les patients greffés sont particulièrement sensibilisés au suivi scrupuleux de leur traitement (notamment anti-rejet) au risque de perdre leur greffon.

Un lien étroit patient/médecin

Les études ont également montré que la clé d’une meilleure observance réside dans le fait que le patient s’approprie son traitement. On parle d’adhésion au traitement : on n’est plus alors dans une logique de conformité au traitement mais davantage dans la considération de l’approbation réfléchie du patient à prendre en charge sa maladie, à devenir acteur de sa santé.

Cette adhésion passe souvent par une relation étroite nouée entre le patient et l’équipe médicale pluridisciplinaire qui le suit. Les études montrent que plus le lien patient/professionnel est étroit, plus l’observance est meilleure.

C’est souvent le cas pour les patients sous dialyse qui voient leur néphrologue pendant leurs séances, trois fois par semaine. Lors de ces contacts réguliers, le professionnel de santé peut s’apercevoir, au vu des bilans biologiques, si des écarts apparaissent dans les analyses, ce qui peut indiquer un mauvais suivi du traitement prescrit et nécessiter une remotivation et un rappel des objectifs.

Il est en effet essentiel que le patient comprenne qu’il est à la fois en situation de contrôle et d’autonomie et qu’il a par conséquent un rôle clé à jouer.

Parfois, le simple fait de modifier la périodicité de la prise médicamenteuse (par exemple de trois fois à deux fois par jour) suffit à améliorer le suivi du traitement.

Il est important également que le patient dialysé, lorsqu’il est en vacances ou en week-end, loin de son lieu de résidence habituel, informe le médecin ou le pharmacien local qu’il est insuffisant rénal.

De même, lors d’examens d’imagerie, le professionnel de santé devra être alerté de la maladie rénale. Certains examens nécessitent l’injection de produit de contraste (de l’iode par exemple) pouvant être très néfaste et précipiter l’entrée en dialyse.