Article publié le 05 décembre 2019

Comprendre ma maladie, la retarder

Bien connaître l’insuffisance rénale chronique est la première étape d’un programme d’éducation thérapeutique (ETP).

L’entrée dans l’insuffisance rénale chronique est progressive et souvent silencieuse. C’est pourquoi sa détection suffisamment tôt peut permettre de retarder de plusieurs mois, voire de plusieurs années, le recours à un traitement de suppléance (dialyse ou transplantation rénale).

Comprendre la maladie rénale chronique

L’éducation thérapeutique des patients n’est pas limitée aux personnes déjà en traitement par dialyse. Elle peut s’avérer extrêmement utile dès le stade 3 de la maladie pour les patients dits en « pré-dialyse » afin de retarder le plus possible le stade terminal de la maladie.

De plus, le fait de bénéficier d’un programme d’ETP en pré-dialyse facilite grandement la prise en charge quand le patient arrivera plus tard en dialyse, parfois plusieurs années après d’ailleurs.

Ainsi, les programmes d’ETP centrés sur la diététique et sur la compréhension de la maladie permettent d’apporter des compétences utiles.

Si la question de la transplantation rénale est généralement abordée assez tôt dans ces programmes, la dialyse ne l’est souvent que plus tard.

Au stade 3, la fonction rénale est diminuée telle que la maladie rénale est dite chronique. On distingue le type 3A (insuffisance rénale légère à modérée) et 3B (insuffisance rénale modérée à sévère) du fait de l’hétérogénéité des patients dans cette catégorie.

Si la maladie rénale chronique est décelée alors que le patient est déjà parvenu à ce stade 3, des efforts de prévention et des traitements adaptés vont permettre de ralentir la progression de la maladie.

Retarder la progression de la maladie rénale chronique

La progression de l’insuffisance rénale chronique est en effet très variable selon le profil de chacun.

Un patient atteint d’une polykystose rénale (d’origine génétique) va ainsi perdre environ 5% à 6% de sa fonction rénale chaque année. Chez une personne souffrant d’un diabète pris en charge, l’insuffisance rénale va progresser de 3,5% par an, ce qui est déjà beaucoup, mais chez un patient dont le diabète n’est pas contrôlé, cette progression sera beaucoup plus rapide, de l’ordre de 10% à 12% par an. Autrement dit, en cinq ans à peine, le patient diabétique pourra perdre jusqu’à 50% à 60% de sa fonction rénale, ce qui est une dégradation considérable.

Ce que l’on veut éviter à travers une prise en charge précoce, c’est une progression rapide jusqu’au stade ultime de la maladie. Pour la retarder au maximum, il existe plusieurs moyens de prévention et de traitements des complications de la maladie rénale chronique et des maladies associées.

Pour stopper ou en tout cas ralentir la progression de la maladie rénale chronique, il va donc falloir mettre en place des traitements dits néphroprotecteurs. Il va s’agir tout d’abord de traiter les facteurs de risque cardiovasculaire, comme l’hypertension et le diabète par exemple. Ces traitements vont consister en des médicaments qui vont permettre de stabiliser la tension artérielle et de mieux équilibrer le métabolisme.

Un contrôle diététique strict est une deuxième clé pour ralentir la progression de la maladie. Il visera à réduire notamment l’absorption de sel et les apports en protéines.

Pour chaque patient, un régime alimentaire sur mesure devra donc être envisagé afin de vérifier que ses apports nutritionnels ne vont pas occasionner davantage de dommages à ses reins. Ainsi, on veillera à rétablir l’équilibre acido-basique de l’organisme ; à réduire, outre le sel et les protéines, également tout un ensemble de minéraux néfastes pour la fonction rénale, comme le phosphore, le potassium, etc. ; à supplémenter l’organisme en vitamines D, en calcium, si besoin ; et enfin à s’assurer d’une bonne hydratation.

Il s’agira parallèlement de réduire les médicaments dits néphrotoxiques, c’est-à-dire qui sont mauvais pour les reins (comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens).

Enfin, une bonne hygiène de vie est requise : arrêter le tabac, bouger et avoir une activité physique pour lutter contre la sédentarité, sont des conditions importantes également pour espérer ralentir la progression de l’insuffisance rénale chronique.