Article publié le 05 décembre 2019

Comprendre mes traitements

L’un des volets importants de l’éducation thérapeutique vise à sensibiliser le patient sur sa prise de médicaments. Il est en effet nécessaire que le patient comprenne bien les traitements qui lui sont prescrits et les suivent rigoureusement.

En effet, certains médicaments sont éliminés par voie hépatique, d’autres par voie rénale. Dans ce dernier cas, si le rein fonctionne très mal ou ne fonctionne plus et ne parvient plus à éliminer correctement, il risque d’y avoir un cumul de dose dans l’organisme. Il est donc essentiel que le patient, surtout lorsqu’il est âgé, soit au fait de ce risque pharmacologique de surdosage. De manière générale, il n’est pas bon que les personnes âgées prennent trop de médicaments, justement parce que la fonction rénale décline avec l’âge.

Il est crucial que tout patient atteint d’une maladie rénale chronique, lorsqu’il rencontre un médecin généraliste ou un pharmacien, mentionne son insuffisance rénale. De façon générale, il ne faut jamais prendre de médicament (ou de complément alimentaire) sans en avoir parlé auparavant avec son médecin généraliste ou son néphrologue. De même, lorsque des effets indésirables se manifestent, il faut en parler avec son médecin et ne pas prendre soi-même la décision d’arrêter son traitement.

Prise médicamenteuse passive et prise active

Lorsque les patients insuffisants rénaux chroniques sont pris en charge en centre de dialyse, ils n’ont pas à intervenir de manière active sur leur prescription médicale.

En effet, des médicaments leur sont administrés directement pendant la séance de dialyse : EPO et fer pour traiter l’anémie ; hypotenseurs pour réduire la pression artérielle si besoin ; chélateurs du phosphore pour diminuer la teneur du sang en phosphore ; de la vitamine D pour lutter contre la moins bonne absorption du calcium par l’organisme ; ou encore des sels de calcium pour assurer des taux de calcium suffisants dans l’organisme ou pour réduire la teneur en phosphore, etc.

Le problème se pose donc surtout lorsque le patient va se retrouver seul, à son domicile, et qu’il doit assurer lui-même la prise de son traitement.

C’est pourquoi les programmes d’éducation thérapeutique comportent des modules de formation permettant au patient de bien comprendre l’importance relative des différents médicaments figurant sur la prescription médicale émise par son néphrologue.

Ils visent ainsi à corriger la perception erronée que peuvent avoir certains patients sur l’importance de tel ou tel médicament.

Par exemple, les patients estiment souvent que les médicaments permettant de faire baisser le taux de potassium dans le sang (dits chélateurs de potassium) afin de prévenir l’hyperkaliémie, sont généralement peu importants. En réalité, leur prise est d’une importance capitale car la dégradation de la fonction rénale est telle que l’organisme ne peut alors éliminer l’excès de potassium présent dans le corps, ce qui peut conduire à un grave risque sur le plan cardiaque et à des situations d’urgence.

Des explications sont fournies au patient : indications, dosage, moment des prises, etc. Cela doit conduire de façon concrète à une étape de validation, sous la forme d’un plan de prise.

Le patient repart avec ce plan de prise qui va lui servir de trame pour être autonome dans la gestion de la prise de ces médicaments à la maison.

Par exemple, le patient doit avoir compris que la prise de certains médicaments n’est indiquée que lorsqu’il y a un repas effectif, comme c’est le cas par exemple pour les chélateurs qui permettent de réduire la teneur du sang en phosphore ou en potassium.

Le respect de ces plans de prise de médicaments est essentiel pour faire en sorte que la maladie soit freinée le plus possible et que le stade terminal (dégradation ultime de la fonction rénale) survienne le plus tard possible.

Un bilan personnalisé

Une fois le programme d’ETP terminé, un bilan personnalisé est réalisé afin de déterminer l’évaluation des compétences acquises pendant les ateliers.

Ce bilan est envoyé au médecin généraliste pour l’informer que le patient a terminé son programme d’ETP, et ce dans le souci d’une bonne coordination des soins entre l’hôpital et la médecine de ville.