Article publié le 27 août 2019
Faire don d’un rein
Comme il est possible de vivre avec un seul rein, une personne vivante, volontaire et en bonne santé peut donner un rein à l’un de ses proches. Ce geste reste néanmoins très encadré par la loi.
Ce don est gratuit, librement consenti et doit s’inscrire dans l’intérêt thérapeutique d’un receveur identifié.
Les frais médicaux sont intégralement pris en charge par l’assurance maladie et par l’établissement préleveur, ainsi que les frais complémentaires (transport, hébergement, perte de rémunération).
Depuis 2011, la loi de bioéthique a élargi le cercle des donneurs potentiels. Il est désormais possible de donner un rein de son vivant à un membre de sa famille mais aussi à un ami proche. Ainsi, toute personne majeure et responsable apportant la preuve d’une vie commune d’au moins deux ans avec le receveur, toute personne pouvant apporter la preuve d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur peut se proposer comme donneur : mère, père, frère, sœur, enfant, grand-parent, oncle, tante, cousin(e) germain(e), conjoint, conjoint d’un parent, etc. Cela a permis une très forte progression de ce type de greffe au cours des dernières années.
La part de greffe par donneur vivant est d’environ 15% sur le total des greffes rénales pratiquées chaque année en France.
Toutefois, le nombre de greffes de ce type tend à stagner et était même en légère diminution en 2018, selon les derniers chiffres disponibles, avec 537 greffes (-12%), alors que le plan Greffe 3 vise un objectif de 1.000 en 2021.
Les avantages du don du vivant
Le don de rein par un donneur vivant a deux avantages.
Le premier est que la durée de vie du rein transplanté est supérieure que dans le cas où le rein est issu d’un donneur décédé.
Le second est qu’il permet le plus souvent de réaliser une greffe préemptive, c’est-à-dire avant que la dégradation de la fonction rénale en conduise à une entrée en dialyse, ce qui là aussi garantit de meilleurs résultats pour ce traitement.
L’information
C’est la première étape. Le don du vivant part souvent d’un élan généreux et spontané. Ce geste d’amour s’inscrit cependant dans une démarche complexe avec des aspects scientifiques et éthiques et il doit être minutieusement pesé lors d’une démarche de réflexion de la part du patient et de son entourage.
L’information est délivrée par le néphrologue référent, avec le soutien des équipes médicales.
Le bilan médical
Un bilan préopératoire doit permettre d’établir des conditions précises de sélection, en particulier au regard de la compatibilité immunologique entre donneur et receveur afin d’éviter un rejet. Si c’est le cas, le don croisé au sein de deux couples de donneurs-receveurs peut être envisagé.
Les divers examens médicaux ont pour objectif également d’évaluer le risque chirurgical, de dépister des maladies transmissibles, d’apprécier l’état psychologique du donneur et les éventuelles conséquences de son geste à long terme.
La décision définitive
La décision définitive de l’autorisation de prélèvement est prise par un « comité donneur vivant », composé de cinq personnes nommées par arrêté ministériel (trois médecins, une personne qualifiée en sciences humaines et un psychologue). Il vérifie que le donneur a une bonne compréhension des enjeux et des conséquences éventuelles du prélèvement et qu’il est libre de toute contrainte psychologique ou financière dans sa prise de décision.
Qu’il délivre ou non l’autorisation, le comité n’a pas à justifier sa décision.
Le candidat au don doit exprimer ensuite son consentement devant le président du tribunal de grande instance qui s’assure que le consentement est libre et éclairé et que la procédure est bien conforme à la loi.
L’opération chirurgicale
Au terme de ce parcours pré-don (4 à 6 mois environ), le prélèvement peut être réalisé. Il se fait soit par chirurgie ouverte, soit par cœlioscopie assistée par vidéo, une procédure moins invasive qui permet de réduire les douleurs post-opératoires. L’hospitalisation dure trois à huit jours.
Elle est suivie par quatre à huit semaines d’arrêt de travail, avant la reprise d’une vie normale.
Un suivi à vie après l’opération
Le suivi médical du donneur se fait à vie. Il est réalisé chaque année et comporte un contrôle poussé notamment de la fonction rénale (avec une échographie tous les deux ans).