Article publié le 27 août 2019
La greffe de rein en France
Par rapport à toutes les options de traitement de l’insuffisance rénale chronique, la greffe est sans nul doute celle qui permet la meilleure qualité de vie et donne les meilleurs résultats. Elle se présente donc dans l’idéal le traitement de première intention.
Le greffon peut être issu d’un donneur décédé ou d’un donneur vivant (environ 15% des cas).
En 2016, près de 40 000 personnes vivaient sur le territoire grâce à une greffe de rein.
Le nombre de transplantations dépend directement du nombre de transplants disponibles. Malheureusement, il y a une pénurie de greffons disponibles. Ainsi, en 2017, près de 17.700 personnes étaient en attente d’une greffe de rein, soit 3,6 personnes pour un greffon rénal utilisable.
Combien de temps faut-il attendre avant d’être greffé ?
La durée médiane d’attente au plan national (durée au bout de laquelle la moitié des patients inscrits sont greffés) était de 31,3 mois en 2016, soit un peu plus de deux ans et demi.
Il est difficile de se fonder sur cette durée pour espérer obtenir une greffe de rein car en fait les délais varient fortement selon les régions : de 13 à 66 mois.
Les durées d’attente sont inférieures à 18 mois à Caen, Rennes, Marseille, Poitiers et Brest, quand elles peuvent excéder quatre ans, voire cinq ans à Paris et dans la proche banlieue.
Pourquoi un tel écart ? La raison tient à une pratique qui s’est instaurée dans les années 80, le principe dit du « rein local ». En effet, un établissement qui réalise un prélèvement des deux reins sur un donneur décédé a la possibilité d’en conserver un pour l’attribuer à un de ses patients inscrits localement sur la liste d’attente. Des patients locaux inscrits récemment peuvent donc bénéficier d’une greffe plus rapidement que des patients inscrits dans d’autres régions et plus anciens sur la liste d’attente.
La durée de vie d’une greffe
Une fois greffé, vous devrez suivre un traitement médicamenteux strict et rigoureux pour éviter le rejet du rein transplanté par l’organisme.
Sachez que la durée de vie moyenne d’un rein transplanté varie en fonction d’un grand nombre de facteurs. Elle est de 14 ans mais on a vu des reins greffés fonctionner jusqu’à 20, 30 et même 40 ans.
Selon une étude sur 59.162 malades ayant bénéficié d’une greffe entre 1993 et 2016, la survie globale du greffon s’est élevée à 91,4% à un an, 79,4% à cinq ans et 62,4% à dix ans. Environ deux tiers des greffons sont donc toujours fonctionnels au bout de dix ans. Le taux pour les greffons prélevés sur donneurs vivants atteints 75%.
Il est toujours possible de subir alors une nouvelle greffe. Ainsi, une personne greffée jeune devra peut-être avoir recours à une ou plusieurs greffes au cours de son existence.
Chez ceux qui peuvent recevoir un greffon, le rein du donneur est perçu comme l’organisme comme un corps étranger et provoque une réaction de rejet. C’est pourquoi la transplantation nécessite la prise d’un traitement immunosuppresseur. Ce traitement « anti-rejet » est à prendre à vie.
Et si la greffe n’est pas possible ?
Tous les malades ne peuvent pas recevoir un greffon, certains en raison de problèmes de compatibilité d’ordre immunitaire du rein greffé avec l’organisme du receveur.
Dans certains cas, l’examen du dossier médical ou le bilan pré-greffe révèle une contre-indication durable à la transplantation. Dans d’autres cas, les patients souffrent de trop nombreuses comorbidités susceptibles de figurer comme autant de contre-indications médicales à la greffe (cancer évolutif, insuffisance cardiaque sévère, diabète instable, état infectieux, etc.) ou sont d’un âge trop avancé (au-delà de 85 ans) pour pouvoir être inscrit sur la liste d’attente de greffe rénale.
Ils sont donc orientés vers la dialyse.
N’hésitez pas à demander un avis complémentaire auprès d’une autre équipe de soin ou de transplantation. Si cet avis est confirmé, le recours à une dialyse au long cours sera nécessaire.
La dialyse est un traitement lourd mais qui permet à de nombreux patients de vivre dans des conditions tout à fait satisfaisantes, pour autant qu’ils soient bien suivis et conseillés. Le recours à un soutien psychologique peut être utile pour envisager sereinement cette nouvelle étape.
LE SAVIEZ-VOUS?
La première greffe de rein a eu lieu en 1954 à Boston (États-Unis) par le chirurgien Joseph Murray, à partir d’un donneur vivant sur son frère jumeau atteint de néphrite. Il survivra huit ans. Une tentative deux ans plus tôt par l’équipe du Pr Jean Hamburger avait failli réussir mais le jeune greffé de 16 ans décédait au bout de 21 jours.