Article publié le 21 août 2019
Les traitements préventifs
Prévenir l’insuffisance rénale est possible !
La prévention de l’insuffisance rénale et de ses conséquences passe par le traitement des maladies à l’origine de la dégradation du rein. En effet, les néphrons peuvent être endommagés en raison d’un diabète ou d’une hypertension artérielle, deux maladies chroniques principalement responsables de plus de la moitié des insuffisances rénales terminales.
Leur contrôle, associé à des mesures d’hygiène et de diététique, permet de repousser de plusieurs années, voire d’éviter, la mise sous dialyse.
Agir sur l’hypertension et le diabète
Contrôler l’hypertension artérielle au moyen de médicaments antihypertenseurs est primordial. Ils freinent la progression de l’insuffisance rénale et réduisent le risque de complications cardiovasculaires en abaissant la pression artérielle (avec un objectif tensionnel inférieur à 130/80 millimètres de mercure).
Parmi les anti-hypertenseurs commercialisés, la préférence va aux sartans (ARA2 ou antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II) et aux IEC (inhibiteurs de l’enzyme de conversion). Ils agissent aussi sur le taux de protéines dans les urines, dont l’albumine.
La maladie du rein ou néphropathie induite par un diabète de type 1 comme de type 2 mal équilibré touche jusqu’à 50% des personnes diabétiques. Elle témoigne d’une altération des petits vaisseaux sanguins.
Maintenir l’équilibre glycémique permet de limiter sa progression. Il faut pour cela vérifier que le taux d’hémoglobine glyquée (valeur représentant le taux de sucre dans le sang des trois derniers mois) est inférieur à 6,5 g/l.
A cette fin, il existe une grande variété de médicaments antidiabétiques, oraux ou injectables. Il est aussi recommandé de contrôler les anomalies du taux de graisses dans le sang (dyslipidémies) en visant un taux de cholestérol-LDL inférieur à 2,5 millimoles (1 g/L, 100mg/dl) en cas de risque cardiovasculaire élevé.
LE SAVIEZ-VOUS?
Le tabac étant toxique pour le rein, le sevrage tabagique doit être encouragé. Les substituts nicotiniques doublent les chances de réussite lorsque la personne abstinente est accompagnée sur la durée.
Il est important de rappeler aussi que le régime alimentaire doit être adapté à l’insuffisance rénale chronique, avec un maximum de 0,8 g/kg par jour de protéines et moins de 6 g par jour de chlorure de sodium (sel).
Le taux de potassium doit être surveillé et son ingestion limitée à 4 g/jour.
Des médicaments utiles pour limiter les conséquences de l’insuffisance rénale
Des reins malades sécrètent moins d’érythropoïétine (EPO), indispensable au maintien d’un taux de fer sanguin suffisant afin d’éviter l’anémie. L’EPO stimule la fabrication des globules rouges par la moelle osseuse. L’objectif est un taux d’hémoglobine proche de 12 g/décilitre, au moyen de médicaments biologiques (agents stimulant l’érythropoïèse) sous forme injectable.
Une supplémentation en calcium (sous forme de carbonate de calcium) peut s’avérer nécessaire pour maintenir un taux de calcium sanguin (calcémie) normal. Elle est à envisager dès le stade d’insuffisance rénale même minime (débit de filtration glomérulaire compris entre 60 et 89 ml/min/1,73 m2). Cela permet d’épargner les glandes parathyroïdes dont le rôle est alors de puiser le calcium dans les os, au risque d’entrainer une ostéoporose. Si cela ne suffit pas, le médecin prescrira des médicaments calcimimétiques.
Il peut être utile de prendre en parallèle de la vitamine D qui intervient dans l’absorption du calcium par les intestins, sans toutefois dépasser 2,5 millimoles/litre.
Lorsque le rein fonctionne mal, le taux de phosphore sanguin s’élève, avec à la clé un risque d’artériosclérose (rigidification des artères) exposant à un surrisque d’accident vasculaire cérébral, d’insuffisance cardiaque et d’infarctus du myocarde. Les chélateurs du phosphore sont des médicaments qui limitent l’absorption digestive du phosphore contenu dans les aliments.
Vigilance avec les médicaments et produits néphrotoxiques !
Certains traitements dits néphrotoxiques accélèrent la dégradation du rein, d’où une prescription à posologie réduite, voire leur substitution par un autre médicament. C’est le cas de plusieurs antibiotiques (aminosides, certaines céphalosporines etc.), des chimiothérapies, des traitements immunosuppresseurs.
Pour leur part, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS, comme l’ibuprofène) diminuent le flux sanguin rénal, comme les diurétiques en cas de rétrécissement des artères rénales. Prudence aussi avec certains traitements éliminés préférentiellement par le rein et qui peuvent être potentiellement dangereux pour l’organisme par un effet d’accumulation (certains médicaments prescrits pour des problèmes cardiaques- digitaliques et amiodarone, des antidiabétiques comme les sulfamides hypoglycémiants et les biguanides, des antibiotiques, somnifères, tranquillisants, antidépresseurs). Vigilance également avec les produits radiographiques iodés.
Pour toutes ces raisons, il est important de prévenir les soignants de son insuffisance rénale chronique et d’éviter toute automédication. Les personnes âgées, déshydratées et celles dont l’insuffisance rénale est sévère sont les plus à risque.