Une semaine sans chaussettes

Article publié le 20 septembre 2023

Une semaine sans chaussettes

Reportage de la newsletter n°23 du 21 Septembre 2023 

Au Centre de dialyse de la région Mantaise (78), toute l’équipe médicale est formée à la surveillance des lésions chez les patients dialysés.

« Une semaine par mois, les pieds des patients sont observés scrupuleusement. L’objectif est de vérifier les membres inférieurs, contrôler le pouls et la qualité de la peau pour, si nous observons des lésions, réagir rapidement », expliquent le docteur Iulia Hude, néphrologue, et Amel El Aamoum, cadre de santé dialyse. Au quotidien, les patients circulent en chaussons dans le centre de dialyse pour faciliter le contrôle des pieds, en plus du dépistage systématique réalisé chaque mois. « Avec leurs chaussures de ville, les patients montrent moins spontanément leurs pieds », fait remarquer le docteur Hude. L’équipe médicale de dialyse, constituée par les docteurs Christophe Goupy, Arnaud Roccabianca et lulia Hude, considère que « la surveillance des plaies est désormais très bien acceptée par les patients, qui n’hésitent pas à évoquer spontanément leurs problèmes. »

Lorsqu’une lésion est observée, un protocole d’action a été déterminé : faire un bilan infectieux, nutritionnel et vasculaire, solliciter l’infirmière responsable des plaies et cicatrisations au sein de la clinique, contacter l’infirmier libéral du patient, questionner le patient et la famille pour comprendre de quand date la plaie et essayer de trouver le facteur déclencheur ou d’entretien. Selon l’état et le degré d’évolution, une prise en charge est organisée, en collaboration avec le chirurgien vasculaire, le docteur Cyril Kakon, et le service d’imagerie de la clinique apte à réaliser : échographie doppler, artériographie, angioscanner et radiographie. Les ressources humaines médicales et techniques de la clinique se complètent.

Dès le début de la prise en charge en dialyse, le patient est reçu par les trois infirmières, bientôt quatre, formées à l’éducation thérapeutique. Le premier rendez-vous permet d’évaluer l’état général et le niveau de connaissances du patient. « L’éducation thérapeutique des patients dialysés étant primordiale, l’équipe médicale s’emploie à développer les compétences de chaque patient en l’informant sur la maladie rénale, sur le comportement à adopter face à une situation anormale, par exemple une rougeur observée », explique Amel El Aamoun.

Ce bilan initial recense les connaissances et les besoins en formation. Par la suite, des ateliers sont proposés selon les attentes exprimées. Si le patient le souhaite, un membre du cercle familial ou un aidant pourra être associé. « Pour les personnes non francophones, nous sollicitons un proche, un soignant, voire un autre patient pour la traduction. Un patient ne doit jamais se sentir isolé ou démuni », raconte Amel El Aamoun.

Pour que les patients gagnent en qualité de vie et en autonomie, l’activité physique adaptée, pour entretenir la masse musculaire, est proposée par les kinésithérapeutes durant les séances de dialyse. L’accent est également mis sur la nutrition. « Les personnes dialysées sont facilement dénutries, ce qui aggrave les problèmes de cicatrisation », confie le docteur Hude. « Bien que nous privilégiions les protéines naturelles conformes aux régimes alimentaires de certaines religions, nous proposons des compléments alimentaires dès qu’ils sont nécessaires. »

L’objectif est clair : éviter une prise en charge chirurgicale. Cependant lorsque cela est nécessaire, le docteur Kakon, chirurgien vasculaire de la clinique accompagne le patient la semaine précédant l’intervention et deux semaines après. « Je travaille en collaboration étroite avec le service de dialyse », raconte le docteur Kakon. « Les patients étant fragiles, ils basculent facilement vers une extension, une surinfection des lésions. L’examen clinique permet d’évaluer l’étendue, l’ancienneté et le degré de la douleur. En seconde intention, une imagerie – échographie doppler artérielle, angioscanner, radiographie -, guide le choix des soins à proposer. Et quand l’état général du patient le permet, nous procédons à un acte chirurgical. »

Ce parcours est mené de concert avec les infirmières à domicile et le protocole de suivi des plaies est rédigé en collaboration avec l’infirmière plaies et cicatrisation de l’établissement. Lorsque le patient est fragile ou qu’il n’y a pas de vascularisation possible, des soins d’hygiène et de confort sont prodigués pour traiter la douleur et éviter que la lésion ne s’étende. Le docteur Kakon reçoit les patients et rappelle les informations données lors des ateliers d’éducation thérapeutique : propreté des membres inférieurs, ne pas marcher pieds nus, éviter de se blesser et le cas échéant soigner les blessures rapidement.

L’unité de lieu de la prise en charge favorise la réactivité et la flexibilité d’un suivi de qualité. La taille du centre de dialyse (file active 140 patients), la proximité avec les familles ou aidants permettent de briser les barrières hôpital, maison et ville et assurent une continuité des soins dans un cercle vertueux de prise en charge rapide et coordonnée. « Nous organisons un maillage autour du patient », rappelle Amel El Aamoun. « Nous veillons à ce qu’un recours soit toujours facile à solliciter à l’hôpital ou en ville. »

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