Article publié le 27 août 2019
Je veux un enfant
Vouloir un enfant est un choix d’autant plus important lorsqu’on est atteint d’une maladie chronique, et notamment d’une insuffisance rénale chronique.
Or, malgré les progrès de la recherche, ces grossesses ne sont pas dénuées de risques pour la mère et l’enfant.
Il faut pouvoir déterminer l’influence de la grossesse sur l’insuffisance rénale mais aussi l’impact de la maladie sur le fœtus.
Pour établir un diagnostic et un suivi médical adapté, le mieux est d’être accompagné par des spécialistes. Dans ce cas, un gynécologue et un néphrologue sont les interlocuteurs adéquats. Le néphrologue surveillera les reins et l’obstétricien le fœtus. Le néphrologue expliquera les risques, planifiera et modifiera les prescriptions médicamenteuses. L’obstétricien lui optimisera la surveillance maternelle et fœtale en limitant les risques de prématurité et d’hypotrophie (fœtus très en dessous des courbes de taille). Ce suivi coordonné permettra d’obtenir des résultats favorables aussi bien pour la mère que pour l’enfant.
L’influence de la grossesse sur l’insuffisance rénale
La première étape va être de poser un diagnostic précis sur l’avancée de la maladie.
Si l’insuffisance rénale est au stade débutant, modérée ou sévère, le suivi sera différent et le traitement adapté. Un contrôle de la pression artérielle est aussi nécessaire car cela peut engendrer la détérioration de la fonction rénale.
Dans le cas où l’insuffisance rénale est au stade débutant avec une pression artérielle bien contrôlée, la grossesse n’aura pas d’effet à long terme sur la fonction rénale.
Dans le cas où l’insuffisance rénale est au stade modéré ou sévère, il existe un plus gros risque de détériorer la fonction rénale. Cela peut persister après la grossesse et pour certaines progresser vers un stade plus avancé.
En résumé, la détérioration de la fonction rénale est en partie fonction de la sévérité de l’atteinte rénale. La présence d’une hypertension artérielle non contrôlée avant le début de la grossesse aura également une grande incidence pour le fœtus et pour la mère.
L’influence de l’insuffisance rénale sur la grossesse
Être atteinte d’une insuffisance rénale chronique peut engendrer des risques plus ou moins réversibles en fonction du degré de la maladie. Certaines patientes peuvent :
- développer une pré-éclampsie : hypertension artérielle associée à une présence excessive de protéines dans les urines (protéinurie supérieure à 0,3 g/24h) ;
- accoucher prématurément ;
- nécessiter à la césarienne ;
- développer une anémie de type microcytaire (caractérisée par de petits globules rouges appelés microcytes) ;
- un retard de croissance intra-utérin dû à une croissance insuffisante du fœtus.
Au stade débutant de l’insuffisance rénale, les patientes seront peu affectées. Dans le cas où la patiente parvient à un stade modéré ou sévère (patiente dialysée), la pré-éclampsie, l’anémie, le retard de croissance et la prématurité sont les complications les plus fréquentes.
Recommandations, suivi et prise en charge
Idéalement, il est préférable de faire le point avec son médecin avant de concevoir, afin d’être totalement informé de toutes les éventuelles complications que la grossesse ou la maladie pourrait engendrer sur vous et votre bébé.
Une grossesse chez une patiente porteuse d’une maladie rénale sera considérée comme une grossesse à risque.
Le suivi se fera conjointement avec le néphrologue et le gynécologue. La fréquence des rendez-vous sera plus ou moins rapprochée en fonction du stade avancé ou non de la maladie. Il conviendra d’avoir une surveillance constante tout au long de la grossesse.
Avoir un enfant en cas de greffe
Si vous avez subi une transplantation rénale, il est recommandé généralement d’attendre un à deux ans après la greffe avant de concevoir un enfant.
Les néphrologues préconisent cette attente car en deçà les risques maternels et fœtaux sont élevés. S’il est vrai que la transplantation améliore très nettement la fertilité, il n’en reste pas moins qu’il subsiste des risques vitaux pour la mère, pour le greffon et pour l’enfant. Il faut également adapter, avant la grossesse, le traitement afin qu’il ne puisse pas créer de complications ou de malformations pour le fœtus.
Avec ce type de maladie, vous devrez être suivie et dans une maternité de niveau 2 ou 3 (intégrant un service de réanimation néo-natale).
En cas de maladie rénale génétique
Lorsque votre maladie rénale est d’origine génétique, le risque existe que votre enfant hérite de cette maladie. Il est cependant difficile de le prédire.
La maladie héréditaire la plus courante est la maladie polykystique rénale (MPR) dans sa forme autosomique dominante ou récessive. Elle touche 5% environ des insuffisants rénaux chroniques.
Dans la majorité des cas, le syndrome apparaît de façon isolée chez un seul membre de la famille. S’il est présent chez les deux parents, le risque de la transmission s’élève alors à 50%.
Un diagnostic prénatal est possible lorsque la mutation responsable de la maladie est connue. Il permettra, au cours de la grossesse, de déterminer si l’enfant à naître est porteur ou non de la maladie. Le risque de fausse couche est faible. Il sera nécessaire de discuter de cela avec votre gynécologue.