Article publié le 27 août 2019
Vie professionnelle et insuffisance rénale
Travailler est important à la fois pour soi et pour la vie sociale mais cela peut cependant être remis en cause en cas de maladie. Il est donc tout à fait légitime que vous vous interrogiez sur la possibilité d’une poursuite d’une activité professionnelle en cas de maladie rénale et de trouver une activité adaptée à votre maladie rénale chronique.
Dans la réalité, il est tout à fait possible, voire indispensable, de poursuivre son activité professionnelle. Toutefois, selon votre situation médicale et votre modalité de traitement, il sera nécessaire de modifier certaines de vos habitudes, d’adapter votre rythme quotidien et d’intégrer vos soins dans votre vie, de rechercher un soutien sur le plan social. Dans certains cas, le retour au travail ne sera pas possible en raison de facteurs trop contraignants sur le plan physique et social. Vous pourrez alors demander une pension d’invalidité ou bénéficier du statut de travailleur handicapé.
En parler avec son médecin
La première étape est de s’entretenir avec votre médecin qui sera le mieux placé pour juger de votre aptitude à continuer une activité professionnelle.
Il évaluera si les conditions dans lesquelles vous exercez votre profession nécessitent ou non des ajustements particuliers. En effet, il n’est pas nécessairement contre-indiqué de continuer à travailler, de faire du sport ou d’autres activités physiques. C’est même, dans la majorité des cas, non seulement possible mais tout à fait souhaitable. Cela permet de maintenir un lien social et de conserver une stabilité financière.
Il faut cependant analyser votre routine quotidienne et si besoin l’adapter pour mieux vivre quotidiennement, surtout si vous êtes sous dialyse.
A qui d’autre demander conseil ?
Pour vous aider à vous organiser et à vous adapter à ce nouveau rythme, vous avez la possibilité aussi de vous faire accompagner par différentes structures pour bénéficier d’un appui médico-socioprofessionnel.
Vous pouvez demander à voir le médecin du travail. Il est chargé d’accompagner les salariés dans leurs démarches et d’intervenir auprès des organismes dans de multiples situations.
Il pourra également obtenir un aménagement de votre temps de travail ou recommander un changement de poste en cas d’inaptitude à votre poste actuel.
Des assistantes sociales peuvent également jouer un rôle et vous accompagner dans vos démarches. Demandez à échanger avec l’assistante sociale de l’hôpital ou du centre qui vous suit. Elle vous informera sur les droits, les aides dont vous pouvez bénéficier. Elle sera présente pour vous orienter tout au long de ces démarches.
Les associations de patients sont également à votre écoute pour vous informer et vous accompagner. Elles proposent des lieux d’échanges et de convivialité et vous apporteront de nombreuses ressources qui vous permettront de trouver des réponses à vos questions, de partager des expériences et d’obtenir un réel soutien.
Être dialysé et travailler
A un stade avancé de l’insuffisance rénale, des séances de dialyses sont nécessaires. Vous pourrez les effectuer durant votre temps de travail ou à domicile. Il faudra en informer votre entreprise et informer la Caisse primaire d’assurance maladie afin que vous puissiez bénéficier d’une indemnité compensatrice pour perte de salaire. Si vous êtes fonctionnaire, aucune perte de salaire ne s’appliquera car le temps de dialyse est pris sur les congés de maladie.
Il est également possible de demander un « temps partiel thérapeutique », aussi appelé « mi-temps thérapeutique ». C’est une alternative qui vous permet de revenir travailler en réintégrant progressivement le monde du travail tout en continuant vos séances. Il est accordé par le médecin traitant en accord avec le médecin conseil de l’assurance maladie. La durée est de trois mois renouvelable dans la limite d’un an.
Toutefois, dans la réalité, le taux d’activité des dialysés est moins important que celui des greffés et chute en général au fur et à mesure du nombre d’années passés en dialyse mais aussi de l’âge avancé des patients.
Être greffé et travailler
Si vous avez subi une transplantation rénale, le retour au travail est tout à fait indiqué, puisque la greffe s’accompagne d’une amélioration de la qualité de vie.
A la suite de votre opération, vous devrez suivre un traitement médicamenteux immunodépresseur (dit anti-rejet), vous rendre dans votre centre pour un suivi régulier et effectuer des examens de contrôle. Il faudra être très vigilant sur certains points, en particulier éviter d’être en contact avec des personnes atteintes d’une maladie contagieuse, suivre les conseils de votre diététicienne, etc. A votre sortie de l’hôpital, le médecin vous remettra une ordonnance, un plan de traitement personnalisé, un arrêt de travail pour votre employeur et un certificat d’hospitalisation.
La reprise du travail peut se faire rapidement, au bout d’environ un mois, mais le délai peut aller jusqu’à trois mois afin d’éviter des risques de rejet aigu.
Le taux d’activité des greffés est supérieur à celui des dialysés. Souvent, ce retour se fait progressivement via un temps partiel thérapeutique.
Une étude a montré que le taux de retour au travail pour la population greffée oscille entre 50% et 68%, selon la situation prégreffe des patients (âge, niveau d’études, statut actif ou inactif, etc.)[1].
Invalidité et travailleur handicapé
Il est possible de se voir déclarer en invalidité par la sécurité sociale. Ce statut permet de recevoir une pension sous certaines conditions (avoir moins de 60 ans et avoir perdu deux tiers de sa capacité de travail).
L’invalidité peut être prononcée par le médecin-conseil de l’assurance maladie. Il existe trois types d’invalidité et de pensions, selon que le patient peut ou pas travailler à temps partiel.
En effet, même si le statut d’invalide vous est reconnu, vous pouvez toujours bénéficier d’un temps partiel thérapeutique qui vous aidera à maintenir un lien avec le monde du travail. Vous trouverez toutes les informations utiles sur le site de l’assurance maladie.
Si votre maladie rénale est un frein majeur à l’exercice de votre activité professionnelle, il est important de savoir aussi que vous pouvez au besoin demander une reconnaissance de travailleur handicapé (80% des handicaps sont invisibles !).
Pour effectuer cette démarche, vous pouvez vous adresser à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), un lieu de service public qui accueille et accompagne les personnes handicapées et leur famille.
La MDPH évaluera votre projet de vie et décidera avec des équipes pluridisciplinaires (médecins, infirmiers, assistantes sociales, etc.) de votre orientation et des attributions des aides versées (notamment la prestation de compensation du handicap) par le Conseil général.