Interview de Jeanne Loyher – Newsletter N°8


Jeanne Loyher, directrice régionale des sociétés de dialyse de la Réunion et Mayotte, directrice générale de ENOVA et membre de la commission de certification des établissements de santé (CCES) de la HAS.

La dialyse par temps de cyclone
Les soins aux patients dialysés doivent s’organiser coûte que coûte.

Début février 2022, le cyclone Batsirai traversait l’île de la Réunion. Le passage d’un cyclone tropical constitue toujours un événement extraordinaire. Les vents extrêmement violents allant de 120 à plus de 200 km/h et les pluies diluviennes interdisent toute activité. Les routes, l’approvisionnement en électricité ou en eau, et les moyens de communication modernes sont totalement désorganisés.

La discipline cyclonique fait partie de notre ADN, déclare Jeanne Loyher, directrice régionale des sociétés de dialyse de la Réunion et Mayotte, directrice générale de ENOVA et membre de la CCES de la HAS. Nous suivons la formation, l’évolution et la trajectoire des cyclones sur l’Océan Indien dont le nombre et l’intensité croissent du fait du réchauffement de la température de surface des eaux océaniques.

Durant toute la période de l’alerte rouge la circulation est interdite, soit 38 heures dans le cas du cyclone Batsirai. C’est pourquoi, il faut anticiper, activer une cellule de crise et le plan cyclone, intégrer les contraintes spécifiques liées au contexte pandémique et enfin garantir le repli sanitaire des établissements de Mayotte vers ceux de la Réunion. Ces derniers gèrent, en plus de leur file active de 540 personnes en IRCT, les 300 patients de Mayotte.

Le premier risque est les coupures d’électricité. Le groupe électrogène doit être en mesure de se substituer au réseau. De même, nous disposons de réserves en eau et d’un circuit autonome permettant de garantir la qualité des eaux utilisées dans les centres.

Durant l’alerte rouge, les centres de dialyse ferment complètement. Les jours qui précèdent, les patients sont pris en charge sur la base de cycles de dialyse adaptés à l’urgence : durée des séquences réduite de façon à dialyser un maximum de patients. Les transports des patients doivent être également sécurisés comme ceux des personnels lors du passage du cyclone.

Dès la levée de l’alerte, les itinéraires praticables prédéterminés assurent à nouveau le ramassage des patients. De même, le personnel doit être en mesure de rejoindre son poste de travail. Il est urgent de rattraper le temps perdu de dialyses non réalisées. C’est pourquoi, les horaires des infirmiers et aides-soignants sont redéfinis. Les centres accueillent alors les patients sur une très large amplitude horaire incluant les week-ends.

Lors du passage de Batsirai, nous n’avons pas rencontré de problème technique malgré des conditions très rudes. Toutefois, un débriefing est réalisé après chaque épisode pour nous permettre de constamment améliorer la prise en charge.

 

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