Interview de Philippe AUVRAY – Newsletter N°12

Article publié le 23 juin 2022

Philippe AUVRAY, Directeur des Centres d’Hémodialyse des Alpes à Manosque et de Néphrologie de la Riviera à Antibes et de la Région Sud du groupe BBraun Avitum

Dialyse, une activité aquavore

Un patient dialysé consomme en une année ce que nous consommons en eau durant toute une vie.

Il y a 15 ans, une séance de dialyse nécessitait plus de 1 000 litres d’eau. Aujourd’hui, l’optimisation des techniques permet de réduire cette consommation d’eau à environ 300 litres. Néanmoins, les centres de dialyse demeurent de gros consommateurs d’eau potable. Durant les séances de dialyse, l’eau potable, considérée comme un médicament inscrit à la pharmacopée, est traitée par un ensemble de processus de filtration et d’osmose. Dans le cadre de notre engagement dans un développement durable, nous accordons une attention particulière à la consommation très importante de l’eau, comme à celle de l’énergie et des consommables nécessaires à son traitement.

Dans les centres de dialyse BBraun, nous avons par ailleurs développé de l’hémodiafiltration (HDF) qui suppose un système de double osmose pour obtenir le dialysat, destiné au patient, et le perméat, riche en microparticules impropres à la dialyse. Cette technique associée à l’utilisation de générateurs adaptés permet de faire l’étape de priming avant la dialyse et le rinçage des circuits, avec l’eau produite sur place, évitant là encore des consommables.

Le traitement par osmose est énergivore mais il est indispensable à la qualité du traitement, au bon fonctionnement et à la durabilité des appareils. De plus, la température de l’eau à l’entrée de l’osmoseur influe aussi sur la consommation d’eau et par conséquent sur la demande en énergie.

En plus de l’eau destinée à l’hémodialyse produite par double osmose, nous utilisons des concentrés acides. Désormais à Manosque, les concentrés acides arrivent en poudre que nous diluons à l’eau produite par l’osmoseur. Ce procédé a permis de réduire de 800 kg à seulement 200 kg la masse des bidons transportés. Même si nous consommons plus d’eau, étant donné l’impact positif sur les transports, la démarche demeure bénéfique. De plus, cela permet d’éviter au personnel des opérations de manutention.

Par ailleurs, les traitements d’eau choisis permettent une désinfection à haute température, un choix guidé par la volonté de réduction de l’utilisation des produits chimiques, et d’autre part la nécessité d’assurer la sécurité des patients en garantissant l’absence de résidus nocifs qui pourraient persister à la suite d’une désinfection chimique. Ce procédé permet de répéter automatiquement l’action sans risque pour le personnel, même s’il génère une surconsommation en électricité. Par ailleurs, les osmoseurs utilisés permettent par un procédé de microcoupures à échéances régulières, un rinçage inverse des membranes pour éviter un colmatage de celles-ci, réduisant au final la fréquence de changement des membranes et la production de matières plastiques plus ou moins faciles à recycler. L’ensemble de ces actions assure un fonctionnement optimal du matériel et la durabilité de la membrane.

Tous les centres de dialyse du groupe BBraum Avitum ont adopté un protocole de traitement de l’eau identique pour assurer une qualité homogène des traitements et faciliter le travail de maintenance. Les choix engagés ont permis de réduire la consommation d’eau, l’utilisation de désinfectants chimiques tout en augmentant la sécurité.

Chaque étape du traitement de l’eau nécessite de l’électricité, des consommables et un entretien régulier du matériel, c’est pourquoi nous devons effectuer sans cesse des arbitrages entre nos besoins en ressources et l’impact environnemental, en gardant comme objectif principal la sécurité du patient. La réflexion en matière de développement durable inclut l’ensemble des consommations générées. Les choix technologiques engagés concilient en permanence efficacité et optimisation. Enfin, nous veillons à ce que l’ensemble des personnes intéressées : les techniciens, les pharmaciens, le personnel médical et les directeurs d’établissements, participent aux décisions.

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