Édito publié le 24 mai 2023
Vers une ubérisation ?
Une proposition de loi portée par le sénateur Alain Milon (Les Républicains, Vaucluse) a déclenché une vive inquiétude au sein de nombreuses organisations professionnelles dont la FHP-REIN.
En effet, cette loi ouvrirait la possibilité pour les prestataires de services et distributeurs de matériel (PSDM), aujourd’hui positionnés uniquement sur des fonctions logistiques, de devenir des acteurs de soins et des promoteurs d’activités de santé pleins et entiers, en les autorisant à prescrire et à prodiguer des soins, comme ils le communiquent d’ores et déjà, dans les champs de la dialyse à domicile, la chimiothérapie, l’immunothérapie à domicile ou encore les soins palliatifs.
Cette ouverture soulèverait de nombreuses questions. Par quel miracle la puissance publique pourrait-elle éviter la dégradation de la qualité et la sécurité des soins si elle n’exige pas la même expertise médicale et soignante de tous les acteurs, ou si elle n’impose pas le même respect des conditions techniques de fonctionnement ? Comment pourrait-elle apporter les garanties suffisantes afin d’éviter le risque à terme de placer le système de soins et les malades dans une situation de dépendance dangereuse, dès lors que des multinationales deviendraient majoritaires parmi les prestataires de services ? Quels seraient les bénéfices obtenus en termes de santé publique qui autoriseraient la modification de plusieurs éléments du code de la santé afin d’inclure les PSDM, mais qui fragiliseraient dans le même temps des acteurs existants ?
Aux quatre coins de la France, nombre d’organisations de petite taille portent avec succès une offre de santé de proximité, parfois à l’équilibre fragile. C’est avec elles, dans le respect de ce qu’elles sont et de ce qu’elles font, qu’il faut construire ensemble le développement des soins à domicile.
La séparation des rôles de producteurs de dispositifs d’une part et des offreurs de soins d’autre part doit demeurer un des principes fondamentaux de l’organisation sanitaire. Cette situation est un gage de qualité et de sécurité du fait même de la distinction des missions des acteurs. Plus simplement, pourquoi ne pas autoriser tout établissement disposant d’une autorisation de traitement de l’IRC à décliner tous les modes de prise en charge des patients y compris en dialyse à domicile ?
Vincent
Lacombe
Président FHP REIN