Article publié le 18 avril 2021
Le registre REIN qui recueille les données de l’ensemble des centres de dialyse de France a permis de montrer que l’épidémie du Covid-19 survenue en mars 2020 avait en moyenne touché 3,3 % des patients dialysés avec deux régions plus particulièrement impactées : l’Alsace et l’Île-de-France, touchant respectivement 10 et 9 % des personnes dialysées. Ce registre a également montré que 21 % de décès était observé parmi les personnes dialysées infectées par le Covid-19 (1).
Au cours de cette vague épidémique de mars 2020 plusieurs centres de l’Île-de-France provenant à la fois du public comme l’Hôpital Necker et l’Hôpital Henri Mondor et du privé comme la Clinique Claude Bernard (Ermont), la Clinique de l’Estrée (Stains), l’Hôpital Privé Nord Parisien (Sarcelles), la Clinique Lambert (La Garenne-Colombes), la Clinique Internationale du Parc Monceau (Paris) la Clinique les Martinets (Rueil Malmaison) et l’Hôpital Américain (Neuilly sur seine) se sont concertés et se sont entendus pour réunir et partager l’ensemble de leurs données en établissant une cohorte commune nommée « HD-CovidIDF Study ».
L’étude de cette Cohorte a permis de recueillir des données épidémiologiques sur 248 patients hémodialysés infectés par le SARS CoV-2 (Covid-19) et d’obtenir des d’informations qui ont pu être publiées dans une revue internationale (2). Elle a montré que le taux de mortalité, était similaire à celui qui avait déjà été observé dans l’étude registre REIN et dans d’autres études effectuées chez les hémodialysés (1,3,4). Les principaux facteurs de risque de mortalité étaient ici l’âge, l’existence d’une dyspnée et les patients hémodialysés vivant en maison de retraite. Cette étude qui s’est plus particulièrement focalisée sur les traitements a par ailleurs montré de manière rétrospective, qu’à titre curatif, la prise d’hydroxychloroquine, de macrolides ou de céphalosporines de troisième génération, n’avait pas d’effet bénéfique significatif sur la mortalité chez les patients déjà hospitalisés. Les patients hémodialysés qui étaient déjà sous immunosuppresseurs avaient en revanche une augmentation significative de leur mortalité. Cette observation est en accord avec la mortalité élevée observée chez les patients transplantés sous immunosuppresseurs. Enfin les patients préalablement traités par inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou antagonistes des récepteurs AT-1 de l’angiotensine 2 (dont on sait qu’ils pourraient agir en modifiant la porte d’entrée du virus dans la cellule) étaient à l’inverse significativement protégés et ceci indépendamment des autres facteurs de risque cardio-vasculaires associés.
Deux autres études cliniques, portant sur le SARS CoV-2 (Covid-19) chez le patient dialysé, ont également été réalisées, à Marseille à la Clinique Bouchard. Une première étude publiée dans la revue « kidney internationnal » a montré que 60 % des patients hémodialysés atteints de Covid-19 présentaient une augmentation de la ferritine > à 800ng/mL (5). Cette étude a permis de souligner l’intérêt de l’utilisation de ce marqueur dans le dépistage de la maladie. Une deuxième étude réalisée dans le même établissement et publiée dans la revue « Nephrology Dialysis Transplantation » s’est appliquée à déterminer les effets potentiellement indésirables du traitement combinant Hydroxychloroquine/Azithromycine chez les patients hémodialysés (6). Compte tenu de la forte mortalité de la maladie chez les patients hémodialysés, l’équipe a en effet proposé ce traitement à tous les patients du service, diagnostiqués positifs au SARS (CoV-2) Covid-19. Indépendamment de l’efficacité de ce traitement qui reste l’objet de controverse et qui ne pouvait être déterminé ici en raison de l’absence de groupe contrôle, l’objectif de l’étude était surtout d’évaluer sa tolérance aux doses usuellement recommandées chez 21 patients hémodialysés. Cette étude a permis de montrer que cette bithérapie n’entraînait aucun évènement cardiaque. Dans un cas seulement la mesure du segment QT sur l’ECG a été trouvée allongée sans trouble du rythme associé. Cinq des 21 patients soit 23,8 % ont eu une hypoglycémie (un effet indésirable bien connu de l’hydroxychloroquine). Enfin, les concentrations circulantes d’hydroxychloroquine étaient toujours situées dans les valeurs normales sauf dans un cas où elle était légèrement supérieure. Ces concentrations circulantes n’étaient pas corrélées aux effets indésirables,suggérant la possibilité d’une accumulation intra-tissulaire.
1. Couchoud Cécile 1, Bayer Florian 2, Ayav Carole 3, Béchade Clémence 4, Brunet Philippe 5, Chantrel François 6, et al. , in the name of the French REIN registry. Low incidence of SARS-CoV-2, risk factors of mortality and the course of illness in the French national cohort of dialysis patients. Kidney Int. 2020 Aug 25;S0085-2538(20)30959-5. doi: 10.1016/j.kint.2020.07.042. Online ahead of print
2. Sylvain Chawki, Albert Buchard, Hamza Sakhi, Karim Dardim, Karim El Sakhawi, Mokhtar Chawki, Henri Boulanger, et al. HD-CovIDF Study Group Treatment impact on COVID-19 evolution in hemodialysis patients Kidney Int. 2020 Aug 1 doi: 10.1016/j.kint.2020.07.010 [Epub ahead of print]
3. Sarah Tortonese, Ivan Scriabine, Louis Anjou, Christopher Loens, Arthur Michon, Mohammed Benabdelhak, et al. COVID-19 in Patients on Maintenance Dialysis in the Paris Region. Kidney Int Rep. 2020 Sep; 5(9): 1535–1544. Published online 2020 Jul 18. doi: 10.1016/j.ekir.2020.07.016
4. Keller N, Chantrel F, Krummel T, Bazin-Kara D, Faller AL, Muller C, Nussbaumer T,et al. Impact of first-wave COronaVIrus disease 2019 infection in patients on haemoDIALysis in Alsace: the observational COVIDIAL study. Nephrol Dial Transplant. 2020 Aug 1;35(8):1338-1411.
5. Bataille S, Pedinielli N, Bergounioux JP. Could ferritin help the screening for COVID-19 in hemodialysis patients? Kidney Int. 2020 Jul;98(1):235-236. doi: 10.1016/j.kint.2020.04.017. Epub 2020 Apr 22. 6. Giaime P, Guenoun M, Pedinielli N, Narbonne H, Bergounioux JP, Solas C, Guilhaumou R, et al. Hydroxychloroquine and azithromycin tolerance in haemodialysis patients during COVID-19 infection. Nephrol Dial Transplant. 2020 Aug 1;35(8):1346-1353. doi: 10.1093/ndt/gfaa191.