Les maladies rénales chez les plus jeunes

Article publié le 03 novembre 2024

Les pathologies rénales ne touchent pas uniquement les adultes. Les enfants et les jeunes adultes peuvent également y être confrontés. Zoom sur les pathologies touchant les sujets jeunes et leurs principales causes.

 

On estime que 5 à 10% de la population française souffrent d’une maladie rénale, soit entre 3 à 6 millions de personnes. Bien que les données épidémiologiques soient minimes, de rares études en population suggèrent que la prévalence de la maladie rénale chronique, tous stades confondus, pourrait concerner jusqu’à 1% de la population pédiatrique selon l’Inserm.

Quelles sont les causes les plus fréquentes d’insuffisance rénale chez l’enfant ?

3 causes principales sont identifiées :

  • Des malformations rénales congénitales : parmi les principales, on retrouve le reflux vésico-rénal. Ce trouble empêche l’urine de s’écouler normalement et remonte alors dans les reins et les abîment sur le long terme. La dysplasie rénale, une malformation congénitale rare du rein et de l’appareil urinaire peut également entraîner une insuffisance rénale.
  • Des affections héréditaires : elles peuvent être responsables à plus ou moins long terme d’une insuffisance rénale sévère en l’absence d’une prise en charge médicale appropriée. Parmi elles : les maladies kystiques comme la polykystose rénale, des atteintes glomérulaires ou tubulaires comme le syndrome néphrotique ou le syndrome de Bartter.
  • Les maladies acquises pendant l’enfance. Elles peuvent se développer de façon sévère comme : la glomérulonéphrite aiguë. Cette inflammation des filtres rénaux peut être déclenchée par des infections ou des maladies auto-immunes. On recense également le syndrome hémolytique et urémique pouvant être provoqué par une infection intestinale. Le lupus érythémateux disséminé. Cette maladie auto-immune peut aussi affecter les reins chez les adolescents et les jeunes adultes.

Un dépistage peut être proposé dans les populations à risque, à savoir :

  • Les enfants nés avec un poids de naissance inférieur à 2,5 kg ;
  • Ceux ayant des antécédents de malformation rénale ou des voies urinaires en pré ou post-natal ;
  • Ceux ayant une prédisposition familiale (ayant un parent touché par une maladie rénale) ;
  • Ceux présentant des infections urinaires à répétition ;
  • Ceux ayant été traité pour une maladie annexe : cancer, hypertension artérielle, cardiopathie congénitale ayant nécessité la prise prolongée d’un traitement par médicaments néphrotoxiques.

Différents examens permettent de dépister une anomalie rénale

Ils consistent à rechercher des signes de maladie rénale chronique en l’absence de tout symptôme. Ils reposent sur :

  • Une analyse d’urine. On y recherche la présence d’albumine et on évalue le taux de l’albuminurie et de créatininurie (les urines d’une personne en bonne santé ne contiennent aucune protéine ni albumine). Ce prélèvement permet également de repérer la présence de protéines (ce qui est inhabituel) et d’estimer le nombre de globules rouges et globules blancs, ainsi que le taux d’urée (un déchet qui doit être éliminé par les reins).
  • Une prise de sang. Elle vise à effectuer un dosage de la créatinine sanguine (un déchet métabolique qui doit être également évacué par les reins) qui permet de calculer le débit de filtration glomérulaire. Si ce débit diminue, il provoque une augmentation de la concentration des déchets dans le sang. Le taux de créatinine augmente alors dans le sang, ce qui signifie que la filtration par les reins fonctionne mal. Des résultats anormaux sont, en règle générale, mis en évidence dès les premiers stades d’une anomalie rénale.

Si les résultats obtenus par ces deux examens font suspecter une maladie rénale, il est nécessaire de confirmer le diagnostic en les réalisant de nouveau sous trois mois et idéalement dans le même laboratoire. Des analyses complémentaires peuvent également être prescrites afin d’établir un bilan plus complet pour déterminer la cause de la maladie.

  • Une échographie rénale. Elle consiste à visualiser les reins et les voies urinaires pour vérifier toute anomalie éventuelle telle qu’une asymétrie des reins, la présence de kystes ou toute autre masse qui pourraient être malignes.
  • Une biopsie rénale. Réalisée sous anesthésie, un prélèvement de tissu rénal est effectué puis analysé au microscope.

Les facteurs de risques de développer une maladie rénale chez les jeunes

Si les maladies rénales peuvent toucher les jeunes enfants en raison de prédispositions génétiques ou de malformations congénitales, les jeunes adultes y sont, quant à eux, de plus en plus exposés en raison d’une augmentation de maladies sous-jacentes liées à leur mode de vie.

L’hygiène alimentaire, le tabagisme et la sédentarité : 3 facteurs de risques à prendre au sérieux

  • L’obésité. L’obésité chez les adolescents augmente considérablement le risque de développer une maladie rénale chronique (IRC). Une vaste étude de cohorte dirigée par des chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem (HU) et du centre médical Sheba Tel HaShomer le confirme. L’excès de graisse est en effet étroitement lié au développement du diabète et de l’hypertension, deux maladies chroniques responsables à elles seules de 50 à 60% des cas d’insuffisance rénale terminale.
  • Le diabète. De plus en plus d’adolescents et de jeunes adultes sont atteints du diabète de type 2 dans le monde par rapport aux années 1990. Selon une étude publiée dans le British Medical Journal, le taux passe de 117 cas pour 100.000 habitants en 1990 à 183 cas en 2019. En cause : l’avancée du surpoids et de l’obésité, facteur de risque majeur de l’installation de cette maladie. Toutes les personnes diabétiques risquent de développer une maladie rénale chronique. On estime que quatre patients dialysés sur dix en moyenne sont atteints d’un diabète de type 2. Cette pathologie impacte de façon indirecte et sournoise la bonne santé des reins. L’élévation du taux de sucre dans le sang altère le fonctionnement des petits vaisseaux sanguins. L’atteinte de ces petits vaisseaux et des capillaires peut concerner les glomérules, cellules chargées de filtrer le sang pour en extraire les déchets.
  • Le tabagisme. Si fumer est la première cause de cancer des poumons ou de BPCO (Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive), cela dégrade également la fonction rénale. Les métaux lourds (cadmium, plomb, etc.) présents dans la cigarette s’accumulent progressivement dans les reins et entraînent à la longue, des lésions tubulaires.

Sources :

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