Interview de Esther Lepaicheux et du Dr Cyrille Colin – Newsletter N°7

Esther LEPAICHEUX, adjointe à la cheffe de bureau R3 à la DGOS & Dr Cyrille COLIN, professeur de santé publique au CHU de Lyon et chargé de mission à la DGOS

Le forfait MRC vise à repousser l’entrée en suppléance rénale pour les patients de stade 4 ou 5. « Nous parlons bien de maladie rénale chronique et pas d’insuffisance rénale chronique car ce forfait se situe bien en amont », précise le Dr Cyrille Colin, professeur de santé publique au CHU de Lyon et chargé de mission à la DGOS. Le forfait MRC, inscrit dans la LFSS, est le premier d’une série de forfaits de pathologies chroniques à venir visant à financer la prévention au plus tôt des maladies chroniques. « Celui-ci recouvre une activité de prévention et d’accompagnement d’une personne souvent sans symptôme, encore à ce stade de la maladie. Le niveau de preuve de cet accompagnement est relativement fort. Nous savons aujourd’hui que des mesures de diététique et d’activité physique adaptée ainsi qu’une approche pluridisciplinaire dans le parcours de soins améliorent la prise en charge de la maladie. »

Le forfait MRC a été mis en place en octobre 2019 subissant ainsi immédiatement l’impact de la crise sanitaire. Les règles relatives à l’abattement du forfait ont été assouplies en 2020 puis mises en application totalement en 2021. De ce fait, les 3 consultations (néphrologue, infirmier, diététicien) sont désormais nécessaires pour percevoir entièrement le forfait. « Ce suivi pluridisciplinaire est essentiel pour répondre de façon fine à toutes les problématiques qui pourraient survenir. Le forfait vient financer a minima ces 3 consultations mais le patient peut être accompagné au-delà par d’autres professionnels de santé dans et hors les murs de l’établissement, en présentiel comme en téléconsultation, un mode qui a facilité le déploiement du forfait durant la crise », complète Esther Lepaicheux, adjointe à la cheffe de bureau R3 à la DGOS.

Vers une modulation à la qualité

L’étape suivante est la modulation à la qualité du forfait. « Nous travaillons véritablement dans le cadre d’un projet collectif avec l’ensemble des parties prenantes : acteurs médicaux, paramédicaux, représentants des usagers, des établissements. Les indicateurs retenus sont soit semestriels, soit annuels, prenant en compte aussi les spécificités des patients pris en charge. Ces indicateurs recueillis en 2021 et 2022 vont permettre de créer la modulation du forfait à la qualité qui sera mise en œuvre à partir de 2023. À ce stade, nous avons choisi des indicateurs qui observent non pas le ressenti du patient mais l’action de l’établissement pour aller interroger cette « expérience patient », notamment via la transmission par l’établissement de l’email du patient en vue de l’envoi d’un questionnaire. Les autres indicateurs sont par exemple, l’envoi au médecin traitant d’un bilan annuel de prise en charge, le suivi du DFG (débit de filtration glomérulaire), etc. Nous voulons motiver les établissements de santé qui entrent dans le dispositif à se donner les moyens d’améliorer la qualité de la prise en charge. Cette approche se diffuse globalement dans toutes les réformes de financement en cours qui conçoivent désormais un compartiment qualité. »

Ce premier forfait est ausculté de très près car il inspirera les suivants sur d’autres pathologies chroniques. « Le groupe de travail est parti de la commande présidentielle de réduire la part du financement à l’activité et d’accroître celle de la qualité. L’effort soignant doit être dédié à la qualité du soin plutôt qu’à sa quantité. Nous irons progressivement et prudemment vers des indicateurs de résultats mesurant l’impact sur le parcours de soins du patient. Cela s’échelonnera certainement sur plusieurs années car le système de santé a besoin de temps pour intégrer ces réformes », souligne le Dr Colin.

« Malgré la jeunesse de ce forfait et le fait qu’il ait été percuté par la crise sanitaire, nous observons une montée en charge satisfaisante. Sociétés savantes, patients, professionnels, tous ont à cœur de le développer ensemble », conclut Esther Lepaicheux.

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