Interview de la newsletter n°29 du 18 avril 2024
Vincent VESSELLE,
Directeur de la Polyclinique Saint Côme, Compiègne (60)
Les hôpitaux de Compiègne et de Noyon ne disposant pas de centre de dialyse, la Polyclinique Saint Côme est l’unique centre lourd de prise en charge de l’insuffisance rénale chronique du territoire depuis 1984. L’équipe soignante et les quatre néphrologues de la polyclinique réalisent plus de 15 000 séances de dialyse par an dans notre centre composé de 28 postes. En partenariat avec le centre d’autodialyse La Dialoise à Compiègne, ils gèrent également une activité de dialyse hors centre sur plusieurs sites : les unités de dialyse médicalisées (UDM) de Compiègne, de Noyon et de Crépy-en-Valois, ainsi que l’unité d’autodialyse sur Compiègne et de la dialyse à domicile. De plus, cette activité se réalise dans le cadre d’une collaboration public/privé avec le centre hospitalier de Noyon qui héberge le centre d’UDM.
L’équipe médicale de la Polyclinique Saint Côme assure une permanence des soins H24 pour la prise en charge de l’insuffisance rénale aiguë, en coopération avec le service réanimation du Centre hospitalier intercommunal Compiègne-Noyon. Tous les patients du territoire qui nécessitent une dialyse en urgence, sans critère d’admission en réanimation, sont orientés vers la polyclinique qui dispose d’un service d’urgences et d’un service de soins intensifs polyvalents. Dans le cadre de la coopération public/privé, le personnel du centre lourd peut aussi être amené à se rendre au sein du service de réanimation du Centre hospitalier de Compiègne pour des ponctions de fistules artérioveineuses (FAV) et aider aux branchements compliqués.
De même, la Polyclinique Saint Côme dispose du seul département de chirurgie vasculaire du département de l’Oise, et nos chirurgiens vasculaires collaborent avec les néphrologues de la polyclinique et interviennent sur demande de l’équipe de réanimation de l’hôpital pour la mise en place d’abords vasculaires.
Les quatre néphrologues assurent chaque année 2 800 consultations sur quatre sites qui couvrent le territoire de soins du sud de l’Oise : Compiègne, Noyon, Crépy-en-Valois, Saint-Just-en-Chaussée, et sont régulièrement sollicités pour des avis par les équipes des hôpitaux environnants. Activité complétée par un programme d’éducation thérapeutique du patient (ETP), mis en place depuis cinq ans, et destiné à accompagner le patient en amont de la dialyse, afin de l’inciter à participer à sa prise en charge. L’équipe de néphrologie de la polyclinique participe également activement depuis 40 ans à la filière greffe du département et plus de 150 patients suivis à la Polyclinique Saint Côme ont aujourd’hui bénéficié d’une greffe.
Enfin, le docteur Ayman Sarraj, néphrologue à la polyclinique, est le coordinateur régional du relais régional de Picardie du Réseau épidémiologie, information, néphrologie (REIN) de l’Agence de biomédecine, seul praticien libéral à assurer cette fonction en France.
La Polyclinique Saint Côme s’implique dans la formation
Dans le cadre de leur formation, les ingénieurs et les techniciens de la filière biomédicale de l’Université de technologie de Compiègne sont reçus par les néphrologues et l’équipe du centre de dialyse de la polyclinique. Ils visitent le circuit de traitement de l’eau, le service de dialyse et bénéficient d’enseignements théoriques et pratiques complets. Des projets de recherche sont régulièrement menés en commun pour la partie dialyse et traitement de l’eau.
Les néphrologues assurent un enseignement auprès des étudiants de l’institut de formation en soins infirmiers du Centre hospitalier intercommunal de Compiègne-Noyon et du diplôme universitaire d’enseignement théorique et pratique des méthodes d’épuration extra-rénale et plasmatique de l’Université de Picardie Jules Vernes d’Amiens. Les néphrologues de la polyclinique, membres de l’Association des néphrologues Picards (ANP) et du réseau de prise en charge de la maladie rénale chronique dans les Hauts-de-France (NEPHRONOR), ont également déposé un dossier de demande d’agrément pour former des internes en médecine.
La prévention est aussi un axe fort de l’équipe, avec un programme d’éducation thérapeutique du patient (ETP) mis en place depuis 5 ans pour accompagner les patients en amont du passage à la dialyse, afin de leur permettre de mieux adhérer au traitement.
La gestion et l’organisation des soins, un exercice compliqué
Comme tous les établissements de santé actuellement, la Polyclinique Saint Côme est impactée par la pénurie de personnels soignants. Ce d’autant plus que la formation des infirmiers à la dialyse nécessite du temps. À ces difficultés s’ajoutent des obligations contraignantes en termes d’effectifs ou de formation continue. Un programme d’éducation thérapeutique exige une formation de 40 heures pour chaque membre du personnel qui participe à ce parcours, un investissement nécessaire que nous faisons, souvent sans accompagnement financier suffisant.
L’organisation des soins en dialyse sur un territoire est compliquée, avec parfois des patients soumis à des déplacements longs, fréquents et coûteux pour des séjours en centres de convalescence éloignés par exemple. Nous constatons par ailleurs une augmentation de l’agressivité de certains patients envers nos personnels, reflet de la recrudescence de la violence dans la société en général, et qui se fait ressentir dans notre secteur d’activité.
La Polyclinique Saint Côme met tout en œuvre pour assurer pleinement sa mission de service public auprès de la population du territoire, malgré les difficultés et parfois un manque de soutien de l’État au regard du service rendu aux patients pris en charge.