Article publié le 28 avril 2022
Dr Aldjia HOCINE, néphrologue à la Clinique du Landy, Saint Ouen (93) et Présidente du Club des Jeunes Néphrologues
Le Club des Jeunes Néphrologues (CJN) que j’ai le plaisir de présider est une association loi 1901 née en 2000 à l’initiative de jeunes néphrologues. Son objectif est de faciliter l’accès à la connaissance et aux innovations dans notre discipline. Le CJN rassemble des néphrologues de tout le territoire, représentant ainsi l’ensemble des modes d’exercice (hospitalier, associatif, libéral, recherche). Nous organisons des évènements tout au long de l’année : une réunion annuelle, la dernière s’est tenue en mars 2022 sur le thème de la Femme en néphrologie « #All_The_Kidney_Ladies », et des sessions de formation sur des thèmes originaux « le Kidney Coaching Club ». Nous sommes également présents chaque année au congrès de la Société francophone de néphrologie dialyse transplantation (SFNDT). Forts d’une communauté de plus de 1 300 followers sur différents réseaux sociaux, nous diffusons des informations pour et sur la communauté néphrologique : formations, enquêtes originales du CJN ou menées par des associations de patients, analyses hebdomadaires d’une publication scientifique.
Pourquoi faire de la néphrologie ?
Il y a certainement autant d’histoires de « pourquoi j’ai souhaité faire de la néphrologie » que de néphrologues ; en tout cas, on retrouve souvent le rôle de nos stages d’externat. Nous avons la chance en France de faire des stages cliniques tout au long de notre cursus et ce dès le début du deuxième cycle des études médicales. Dans mon cas personnel, j’étais externe à Toulouse, la spécialité m’avait intéressée sur le plan théorique, et lors de mon stage j’avais pu apprécier la polyvalence et les différentes missions du néphrologue. Je me rappelle aussi de l’enthousiasme d’une patiente autonome qui nous avait montré comment elle faisait elle-même toutes les étapes de sa dialyse péritonéale. La néphrologie est une spécialité polyvalente et transversale avec de la consultation, de l’hospitalisation, des soins intensifs, des gestes techniques (biopsies, poses de cathéters), des unités de transplantation rénale, des services d’hémodialyse, de dialyse péritonéale, de l’ETP (éducation thérapeutique), des services d’explorations fonctionnelles rénales. Avec autant d’activités diverses et complémentaires, difficile d’imaginer qu’on puisse un jour s’ennuyer.
La néphrologie est à la croisée de nombreuses autres spécialités, car nous prenons en charge des patients souvent polypathologiques, avec des suivis conjoints en cardiologie, en diabétologie, en infectiologie par exemple. Cela fait partie de notre quotidien d’interagir avec d’autres spécialistes, le travail collaboratif fait partie de la richesse de la néphrologie.
En choisissant notre futur lieu d’exercice, nous avons chacun une équation professionnelle à aligner avec nos aspirations personnelles. Une de mes impressions dans ce domaine est la priorité faite à l’équipe que l’on va intégrer plus que la nature même de l’établissement, avec toujours une vigilance à avoir quant à la nécessité de participer à la co-construction des projets de service. Enfin, Il est important de souligner que de plus en plus des néphrologues qui exercent en associatif mais aussi en libéral font de la recherche, mènent à bien et publient des travaux de grande qualité.
Les jeunes néphrologues que nous rassemblons sont très attachés à la qualité des relations de travail avec nos collègues et à la cohésion d’équipe. Ainsi, en néphrologie comme dans tous les métiers, pour tous les praticiens et praticiennes, l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle entre aussi en considération dans le choix de la structure de travail. Il faut savoir qu’en termes de démographie médicale, le ratio global homme/femme s’équilibre avec cependant plus de femmes parmi les néphrologues salariés.
La néphrologie et la médecine plus largement, évoluent en phase avec les transformations observées dans la société. Ainsi, depuis plusieurs années, nous percevons un changement de paradigme dans le positionnement du patient désormais acteur de sa prise en charge. Chacun souhaite être acteur de sa vie, de son parcours de soin.
Les patients sont détenteurs d’une expertise propre qui, associée à celle du néphrologue, ou d’autres confrères (gériatres, cardiologues…) permet de faire émerger une prise en charge basée sur la décision médicale partagée, pilier de l’échange entre soignants et patients. Ainsi le néphrologue accompagne le patient en fonction de son plan personnalisé de soins vers le traitement qui répondra le mieux à ses attentes en termes de qualité de vie et de qualité des soins à prodiguer.
Le parcours de soins du patient avec une insuffisance rénale chronique sévère s’inscrit dans une temporalité variable d’un patient à l’autre nécessitant une information éclairée sur les différentes modalités de prise en charge que sont la transplantation rénale, les techniques d’épuration extra-rénale (de domicile : hémodialyse et dialyse péritonéale, ou de centre : hémodialyse) et le traitement conservateur.
En néphrologie, le soin doit s’adapter au patient. J’aime utiliser la métaphore du cinéma : de nos jours, le patient est l’acteur de sa prise en charge et occupe aussi le siège de co-scénariste avec le médecin néphrologue qui le suit, ils travaillent ensemble pour que le film de la prise en charge réponde aux attentes de son premier public : le patient lui-même.
En résumé, les jeunes néphrologues aiment ce qu’ils font et sont particulièrement attachés à fournir un travail d’équipe de qualité avec tous les intervenants de la prise en charge : néphrologues, infirmiers de néphrologie, infirmiers en pratique avancée, autres spécialistes d’organes, paramédicaux (diététiciens, kinésithérapeutes, psychologues, enseignants en activité physique adaptée) mais aussi en équipe avec les patients que nous suivons et leurs aidants.
Vous pouvez suivre les activités du CJN sur notre site www.cjnephro.com, ou sur notre application smartphone disponible gratuitement sur tous les stores.