Initiative de la Newsletter N°12 du 23 Juin
Olivier TOMA, Fondateur de Primum Non Nocere
Les centres de dialyse vont devoir d’ici 2030 réduire de 40 % leur production de gaz à effet de serre. Ce défi, connu depuis 2009, est un énorme chantier.
La production de gaz à effet de serre (GES) résulte de l’ensemble des achats réalisés par les centres de dialyse. Elle provient de la consommation directe de l’énergie nécessaire au chauffage, à l’éclairage et l’alimentation des générateurs, ou indirectement de la mobilité des personnes, du transport des marchandises, des achats ou de la gestion des déchets. Ainsi, des mesures simples comme le co-voiturage des patients permettent de réduire de 30 % la production de GES des transports.
Un centre de dialyse génère 60 familles de déchets. En maîtriser le tri et la valorisation a un effet immédiat sur le volume de CO2 produit. Ainsi les masques à usage unique transformés en bornes de jardin ou pièces pour l’industrie automobile émettent moins de GES que s’ils sont simplement brûlés à 800 degrés.
Les achats des centres représentent 65 % de la production de GES. C’est pourquoi une politique d’achat responsable privilégiant les circuits courts, les produits peu denses et les équipements à faible analyse du cycle de vie (ACV) réduit considérablement la production de GES.
Par ailleurs, la politique d’achat doit être conciliée aux éco-gestes en matière de sélection de produits d’hygiène et de matériaux de construction. Concernant la qualité de l’air intérieur (QAI), les patients étant fragiles et le personnel fortement exposé, il est indispensable de sélectionner des produits sans composés organiques volatils. Ce point est désormais une priorité de santé publique des autorités de tutelle et du futur plan national santé-environnement. La qualité de l’air intérieure dans les bâtiments accueillant du public en France coûte à la Sécurité sociale 9 milliards d’euros et cause 48 000 décès prématurés par an. C’est un vrai sujet pour les patients qui se rendent trois fois par semaine dans leur centre de dialyse.
La dialyse est hydrovore, c’est pourquoi l’eau est un véritable sujet de préoccupation d’autant plus que d’ici 2050 notre besoin en eau potable doublera. L’eau soulève des problèmes de surconsommation et de résidus liquides ou médicamenteux rejetés. Certains centres récupèrent puis traitent l’eau des autoclaves et osmoseurs pour les sanitaires ou l’arrosage. Il va devenir impératif de préserver l’eau.
En France, la prévention des risques chimiques dans le domaine de la santé n’est pas suffisamment considérée. Patients et salariés sont exposés aux produits chimiques lors des traitements et cycles de désinfection. C’est une priorité absolue que de réduire cette exposition.
Engager une réflexion globale, c’est se questionner aussi sur les perturbateurs endocriniens, les champs électromagnétiques, les nano particules… Le dioxyde de titane, interdit dans l’alimentation, est encore présent dans certains médicaments, les matériaux de construction, les emballages et des produits cosmétiques.
Pour réduire le stress des collaborateurs et proposer une meilleure qualité de vie au travail (QVT), il est nécessaire de lutter contre les nuisances sonores. Ces dernières sont le 4e poste de dépenses de la Sécurité sociale. La QVT, peu évoquée dans notre pays, est pourtant un facteur d’attractivité lors du recrutement. Ce chantier, comme les précédents, mérite que l’on s’y engage.
Et puis, en interne, les centres de dialyse doivent relever le défi d’une écoconception des soins, c’est-à-dire une médecine de qualité à moindre impact. Il s’agit d’investiguer chaque étape d’un soin, de prendre en compte l’analyse du cycle de vie (ACV) et de réduire les impacts sociaux, environnementaux et économiques.