Explorer toutes les pistes pour économiser l’eau

Article publié le 20 Juin 2024

Explorer toutes les pistes pour économiser l’eau

En 2022, une subvention à hauteur de 70 % de l’agence de l’eau du territoire (Rhône Méditerranée Corse) a permis au centre de dialyse de la Polyclinique Médipôle Saint-Roch (66) de renouveler sa centrale de traitement de l’eau et de réduire sa consommation d’eau de 5 000 m³ par an. Nicolas Morel, technicien dialyse de l’établissement, veut aller plus loin.

Avec l’accord des praticiens et en respectant les recommandations du constructeur – désinfection validée pendant 72h -, la désinfection habituellement réalisée le matin avant l’ouverture des centres de dialyse a été supprimée, la désinfection post-dialyse de la veille étant suffisante. Seules les désinfections du lundi matin ont été conservées. Cette mesure a permis d’économiser sur l’ensemble des 7 centres de dialyse Elsan : 242 m3 d’eau, 17 800 kWh d’électricité et 1 600 litres d’acide citrique. Suite à cette action, les horaires de démarrage et d’arrêt de nos différents traitements de l’eau ont été adaptés. Cette optimisation permet une économie annuelle supplémentaire de 832 m³ et 11 500 kWh.

En poursuivant ses travaux, Nicolas Morel observe que chaque centrale de traitement de l’eau en veille consomme, selon le modèle, entre 1 m3 et 1/4 m3 d’eau par heure. « C’est pourquoi nous étudions, avec le constructeur, un moyen d’automatiser l’arrêt des 7 centrales dès la dernière dialyse journalière réalisée. Optimiser le démarrage et l’arrêt des centrales permettrait en théorie des économies supplémentaires. C’est à notre portée. »

De plus, les centrales de traitement de l’eau de la polyclinique sont équipées d’éco-vannes qui contrôlent le rejet du premier étage d’osmose en fonction de la conductivité et de la température de l’eau. Grâce à l’éco-vanne, seule l’eau trop chargée en minéraux ou trop chaude est rejetée. L’activation des éco-vannes par Nicolas Morel a entraîné l’économie de 3 300 m3 d’eau sur l’ensemble des centres : « En centre lourd, avec ce système, j’économise 40 % de l’eau qui circule, soit 1 700 m3 d’eau. » Et pour éviter la surchauffe du circuit, notamment en été, les centres de dialyse de la Polyclinique Médipôle Saint-Roch sont équipés d’un système de refroidissement par échangeur à plaques sur l’entrée d’eau, qui maximise le fonctionnement de ces éco-vannes. En parallèle, le constructeur réfléchit à optimiser la performance des centrales en refroidissant l’eau de la boucle directement.

Suite à la publication du Guide des bonnes pratiques pour la dialyse verte par la Société française de néphrologie, de dialyse et de transplantation (SFNDT) en 2023, l’équipe médicale a décidé de suivre une de ses recommandations : passer la vitesse de circulation du dialysat de 500 à 400 ml/minute, modification sans incidence sur la qualité de la prise en charge, selon les évaluations en cours. Cette mesure permet d’économiser, sur l’ensemble des centres de dialyse Elsan, 20 % de la consommation d’eau de dialyse et 20 % de la distribution d’acide glucosé. Lorsque cette dernière est centralisée, cela représente 24 000 litres d’acide glucosé épargnés pour les centres équipés, soit environ 15 000 €. « Toutes ces évolutions ne sont réalisables que si les médecins les valident et si les personnels soignants les mettent en œuvre », explique Nicolas Morel. « Sans le soutien des médecins, il est impossible d’insuffler un changement. Et puis l’implication de chacun repose sur l’intérêt porté aux problématiques environnementales. Il faut voir au-delà des simples protocoles et être conscient qu’une machine, même en veille, continue à consommer de l’eau et de l’électricité. Mobiliser nécessite beaucoup de temps pour expliquer que les bénéfices écologiques sont partagés par nous tous. Et puis, il ne faut pas hésiter à contacter l’agence de l’eau de son territoire. Ces agences sont volontaires pour accompagner les établissements dans la recherche et le financement d’actions permettant d’économiser les ressources en eau, d’éviter les rejets inutiles ou encore de réutiliser certaines eaux. » Pour aller encore plus loin, Nicolas Morel voudrait engager les démarches auprès de l’ARS pour utiliser l’eau de rejet des osmoseurs dans les chasses d’eau de toute la polyclinique.

Au total en 2023, ces actions ont entraîné une économie de 44 000 € sur les factures d’eau, d’électricité et d’acide citrique. En 2024, les nouvelles actions mises en œuvre laissent présager une économie supplémentaire de 23 000 €.

Cécile Demeaux, directrice adjointe RSE Elsan

« Elsan articule sa politique RSE selon quatre piliers, dont celui de l’éco-performance. Ce volet environnemental décline les défis d’œuvrer pour un environnement sain, de lutter contre le changement climatique et d’utiliser durablement les ressources. Ces trois objectifs, relayés dans les établissements par les 108 référents RSE, s’appliquent à tous mais se transcrivent en actions variées selon les activités. Une grande autonomie est accordée aux établissements. Plutôt qu’une check-list, l’initiative individuelle est privilégiée, partant du principe que le soignant est la personne la plus à-même de proposer une éco-conception du soin.

Ainsi, les bonnes pratiques des antennes d’autodialyse ou des centres lourds peuvent différer. Cependant dans tous les cas, il est nécessaire d’embarquer les praticiens et les soignants. Le guide des bonnes pratiques pour la dialyse verte de la SFNDT, est précieux car lorsque les sociétés savantes s’emparent du sujet, les praticiens se sentent concernés. Nous avons ainsi constitué un groupe de travail dialyse comme nous l’avions fait en anesthésie réanimation. Ce guide propose beaucoup de bonnes pratiques que nous encourageons et nous proposons des outils d’auto-évaluation qui verront le jour d’ici la fin de l’année.

Avec presque 380 000 séances de dialyse par an, les enjeux écologiques sont réels. C’est pourquoi même si la formation des équipes et la révision des protocoles sont longues, elles demeurent indispensables. »

Crédits Photo : Adobe Stock, Istock.

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