Donner un rein de son vivant : quel processus ?

Article publié le 25 mars 2024

Donner un rein de son vivant à un proche en insuffisance rénale terminale constitue une formidable alternative à la dialyse et à l’attente, souvent très longue pour le patient, de pouvoir bénéficier d’une greffe de rein provenant d’un patient décédé. Le rein est en effet le seul organe dont nous disposons en double et dont un seul suffit pour vivre tout à fait normalement. Ce don de soi permet d’améliorer considérablement la qualité de vie du malade sans altérer celle du donneur. Comment s’organise un don du vivant ? Quelles sont les grandes étapes à respecter ? Nous vous apportons un éclairage.

Face au temps d’attente de plus en plus long pour bénéficier d’un don d’organe provenant d’un patient décédé, donner un rein de son vivant à un proche malade permettrait de faciliter les processus de greffes actuellement en vigueur. Afin d’accroître les possibilités entre donneurs et receveurs, la loi de bioéthique datant du mois d’août 2021, a notamment élargi le cercle des donneurs vivants en augmentant le nombre de paires pour les dons croisés d’organes prélevés.

Quelles sont les avantages de donner un organe de son vivant à un proche ?

La greffe à partir d’un donneur vivant améliore considérablement l’espérance de vie des patients. Par ailleurs, la greffe de rein provenant d’un membre de sa famille ou de son conjoint, limite également les éventuelles complications et offre une meilleure qualité de greffons. De plus, lorsque cette greffe est effectuée précocement, c’est-à-dire de façon « préemptive », elle permet même de ne pas avoir recours à la dialyse. Cela permet également de bénéficier d’une durée de vie du greffon plus élevée que lorsque la greffe intervient après dialyse, en raison d’un meilleur état de santé général du patient.

Plus globalement :

  1. C’est une alternative intéressante pour lutter contre la pénurie de greffons ;
  2. Les délais d’attente sont considérablement réduits ;
  3. Cela multiplie les chances d’être compatible avec le receveur ;
  4. Une meilleure compatibilité limite le risque de rejet ;
  5. Elle améliore l’espérance de vie du greffé ;
  6. Le donneur peut reprendre une vie normale, sans précautions particulières. Il doit toutefois vérifier régulièrement la bonne santé de son rein restant.

Il est toutefois important de rappeler que ce don est gratuit. Il doit être librement consenti et doit s’inscrire dans l’intérêt thérapeutique du receveur.

Comment se déroule l’intervention ?

Contrairement à une greffe via un donneur décédé, l’opération peut être planifiée dans les meilleures conditions et sans urgence. Cela permet une préparation optimale du donneur et du receveur.

Au préalable, il est nécessaire de valider les différentes démarches administratives obligatoires et d’effectuer, pour le donneur, un bilan médical complet afin de :

  • Vérifier la compatibilité du donneur avec le receveur ;
  • Apprécier l’état psychologique et physique du donneur ;
  • Dépister des maladies transmissibles ;
  • Évaluer le risque chirurgical ;
  • Prévoir le geste opératoire et l’évolution post-opératoire.

Si rien ne s’y oppose et après validation du dossier médical et administratif du donneur, l’intervention chirurgicale peut alors être programmée. Appelée « néphrectomie », elle est pratiquée sous anesthésie générale et dure en moyenne trois heures.

Deux modes d’intervention possible :

Soit par chirurgie ouverte : l’incision s’effectue soit sur le côté, en face du rein (lombotomie) soit par devant, sur l’abdomen (sous costale) ;

Soit par coelioscopie (ou laparoscopie) assistée par vidéo : cette pratique permet de réduire l’importance des incisions et les douleurs post-opératoires.

Dans la majorité des cas, les reins du receveur ne sont pas retirés. Le greffon transplanté est placé en fosse iliaque droite ou gauche via une incision. Par la suite, le donneur et le receveur restent sous haute surveillance médicale afin de s’assurer de l’absence de complications dues à l’intervention, mais aussi pour vérifier la bonne reprise des fonctions rénales de chacun.

Un(e) infirmier(e) de coordination épaule le médecin. Il est le point de contact tout au long du parcours du don en faisant le lien avec les différents interlocuteurs. Cela améliore ainsi la qualité de la prise en charge des patients.

L’hospitalisation varie selon le type d’intervention effectué

La durée du séjour dure de trois à dix jours en moyenne, selon l’état de santé du donneur et le type de chirurgie retenu. Si le donneur exerce une activité professionnelle, il peut bénéficier de quatre à huit semaines d’arrêt de travail afin de se rétablir dans les meilleures conditions. Il peut ensuite reprendre une vie personnelle et professionnelle tout à fait normale.

La totalité des frais médicaux liée au bilan pré-don, à l’hospitalisation pour le prélèvement et au suivi du donneur vivant est intégralement prise en charge par l’établissement préleveur et par l’Assurance Maladie. Le donneur est donc exonéré du forfait journalier hospitalier et du ticket modérateur pour les frais d’examens médicaux et biologiques, liés au traitement, à l’hospitalisation, aux soins et au suivi post-prélèvement.

Quelles sont les soins de suite pour le donneur ?

Le suivi médical du donneur est indispensable. Il comprend au cours de la première année post-don :

  • Une prise en charge médicale pour la gestion de la douleur dans les premiers temps suivant l’intervention ;
  • Des soins post-opératoires permettant d’assurer une bonne cicatrisation ;
  • Une consultation avec le néphrologue en charge du dossier dans les trois mois post-opératoires ;
  • Une consultation médicale avec le néphrologue un an plus tard ;
  • Un bilan rénal annuel les années suivantes.

Par la suite et afin de mieux connaître le devenir des donneurs, les résultats sont transmis à l’Agence de la biomédecine. Celle-ci gère un registre relatif au suivi des donneurs vivants d’organes.

Sources :

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