Article publié le 29 Avril 2025

Les troubles du sommeil étudiés chez des patients insuffisants rénaux

Il y a dix ans, huit néphrologues libéraux exerçant dans des établissements Elsan ont fondé l’Institut Phocéen de Néphrologie (IPN) afin de poursuivre leurs activités de recherche. Dès sa création, le docteur Philippe Giaime, néphrologue à la Clinique Bouchard (13), a proposé un projet de recherche sur la mortalité cardiovasculaire, première cause de décès chez les patients dialysés.

Chez ces patients dialysés, certains facteurs risques comme le diabète, l’hypertension artérielle et le tabac sont bien documentés. En revanche, le rôle des anomalies de la microvascularisation reste moins étudié. Ces anomalies pourraient être liées aux troubles du sommeil et au syndrome d’apnée du sommeil, un phénomène encore peu exploré dans cette population. Les troubles du sommeil pourraient-ils contribuer à une surmortalité chez les patients dialysés, s’est interrogé le Dr Giaime.

Pour répondre à cette question, une première étude ancillaire, SOMMAP, a été menée par l’équipe du docteur Giaime. Ce ballon d’essai, sur un nombre restreint de patients, a montré des différences d’évènements cardio-vasculaires entre les patients dialysés le matin et ceux de l’après-midi. Forts de ces résultats, une seconde étude, de plus grande ampleur : DIATSOMM (dialyse matinale et troubles du sommeil : impact de l’horaire de dialyse sur la qualité du sommeil, et conséquences sur la morbi-mortalité) a été mise en œuvre.

DIATSOMM s’est déroulée sur trois années et a mobilisé plusieurs centres de dialyse de la région PACA qui s’étaient portés volontaires. Une cohorte de 200 patients dialysés le matin et autant l’après-midi a été recrutée. Les données biologiques et biométriques des 400 patients ont été collectées. À échéances régulières (M0, M6 et M12), un questionnaire évaluait des scores relatifs à la qualité de vie des patients.

Le questionnaire a été rédigé selon le principe « Quality Of Life » (QOL) et en conformité avec l’ensemble des obligations réglementaires. Bien que les modalités de l’étude DIATSOMM soient simples, le personnel soignant a dû accompagner les patients dans le remplissage du questionnaire en les aidant à préciser par exemple leurs plages de sommeil, les symptômes associés et la présence ou non de ronflements. La fiabilité des résultats repose sur la précision des réponses fournies. La phase de recueil des données vient de s’achever. Celles-ci seront analysées en collaboration avec le service de biostatistique du groupe Elsan avant d’être publiées durant l’été 2025.

« La recherche est un travail d’équipe qui comporte différentes étapes : l’idée initiale, la recherche bibliographique, l’écriture du protocole, les aspects réglementaires, puis la mise en place pratique sur le terrain, avant la récolte des données et l’analyse des résultats », explique le docteur Philippe Giaime. « Le comité d’éthique de Elsan a ensuite évalué le projet et chiffré le temps infirmier dédié à l’étude. Sur le terrain, le projet de recherche ne doit pas être perçu par les équipes comme une étude supplémentaire. DIATSOMM a profité de l’originalité de son sujet et nous avons veillé à sa faisabilité. Néanmoins durant l’étude, il est important de se rendre sur les sites pour former les équipes, les accompagner sans omettre une présentation pédagogique du projet de recherche à l’intention des patients. Les projets de recherche octroient une dimension supplémentaire au métier de soignant. Si l’étude DIATSOMM révèle une corrélation entre le sommeil et le risque de décès par événement cardiovasculaire chez les patients dialysés, une seconde étude interventionnelle sera certainement envisagée. »

Les troubles du sommeil étudiés chez des patients insuffisants rénaux

Les troubles du sommeil étudiés chez des patients insuffisants rénaux

Contact to Listing Owner