Article publié le 15 mars 2022
Néphrologues et patients le savent : le prurit urémique (PU) est catalogué comme l’une des manifestations cutanées les plus fréquentes au cours de l’insuffisance rénale chronique (IRC). Le prurit désigne les démangeaisons plus ou moins sévères. Entre autres symptômes qui se manifestent chez les patients atteints d’IRC, le prurit urémique figure à la première place. Comment se manifeste-t-il, comment le détecter, et comment le soulager ?
Définition et diagnostic du prurit urémique
Le prurit est le symptôme cutané le plus fréquent, mais il n’est pas aisé à diagnostiquer et à prendre en charge. Il se manifeste par des démangeaisons plus ou moins sévères de la peau ; de façon locale ou plus étendue. Cela dit, on ne peut pas toujours imputer des démangeaisons à un dysfonctionnement rénal, elles peuvent aussi être une manifestation dermatologique d’un panel d’affections d’un autre ordre. Les démangeaisons peuvent survenir chez un sujet dont la peau est tout simplement trop sèche (xérose) ou chez une personne souffrant d’eczéma. Ce phénomène affecte en particulier les personnes âgées. Le prurit est, dans des cas moins fréquents, une manifestation de réactions médicamenteuses, de troubles hématologiques, d’infections, voire de cirrhose. Même lorsqu’il est peu douloureux, le prurit est susceptible d’empoisonner le quotidien et de compromettre la qualité de vie des personnes qui en souffrent.
A moyen ou long terme, les démangeaisons peuvent s’avérer être aussi gênantes que la douleur chronique et entamer la qualité de vie générale des patients qui en sont atteints. Les grattements nocturnes dans les cas de dermatite atopique, par exemple, perturbent considérablement le sommeil, et causent fatigue et irritabilité.
Certaines études soulignent que le prurit chronique concerne plus de 40 % des patients sous hémodialyse. La moitié d’entre eux se plaignent de prurit généralisé.
Fait intéressant, chez environ 25 % des patients, le prurit est signalé comme étant le plus sévère pendant ou immédiatement après la dialyse.
Quels traitements pour soulager les patients ?
Dans le cas où le prurit n’est pas très avancé, une simple hydratation des couches supérieures de l’épiderme suffit. Cela dit, chez les patients ayant subi une hémodialyse, un traitement plus avancé s’avère nécessaire.
Certaines études ont démontré que la gabapentine, un anticonvulsivant et un inhibiteur calcique à action centrale, produit un effet modulateur de la douleur chez les patients souffrant de douleur neuropathique. Ce type de médicament (gabapentine et prégabaline), neutralise un neurotransmetteur commun et réduirait les démangeaisons chez les patients atteints de maladies rénales chroniques.
De même, la difélikéfaline, qui neutralise certains récepteurs, réduit de façon significative et rapide la sensation et l’intensité des démangeaisons chez les patients qui sont atteints d’un prurit associé à une insuffisance rénale chronique (IRC) sous hémodialyse.
Selon les résultats de l’essai KALM-1, dans la revue New England Journal of Medicine effectuée sur 158 patients, plus de la moitié (82 personnes, soit 51,9 %) ayant reçu la difélikéfaline avaient présenté une diminution d’au moins 3 points à l’échelle d’évaluation numérique de l’intensité des pires démangeaisons sur 24 heures (intervalle de 0 à 10), contre 51 des 165 patients (30,9 %) ayant reçu le placebo.
Sources
- https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0151963820308504
- https://www.kidney-international.org/article/S0085-2538(15)30196-4/fulltext
- https://www.kidney-international.org/article/S0085-2538(15)30196-4/fulltext#secst0105
- https://www.cochrane.org/fr/CD011393/RENAL_quel-est-le-meilleur-traitement-contre-les-demangeaisons-chez-les-personnes-atteintes-dune-maladie
- https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1912770?query=TOC