Actus Santé de la newsletter N° 43 – Novembre 2025

Article publié le 27 Novembre 2025

Refus de soins et arrêt des traitements en dialyse

Lors du webinaire du 20 novembre organisé par la FHP-REIN sur les droits et devoirs du patient dialysé, le cabinet d’avocats Cormier Badin Apollis a fait le point sur les questions liées au refus et à l’arrêt des traitements.

Le refus de soins est le corollaire du consentement du patient (article L.1111-4 du Code de la santé publique). Cependant, comment réagir face à une demande d’arrêt de la dialyse ? Le webinaire a exploré les différentes étapes de la gestion d’un refus de traitement, la notion de « délai raisonnable » en cas de renouvellement de cette demande, ainsi que les risques juridiques auxquels les professionnels peuvent être exposés.

La décision de limitation ou d’arrêt des traitements est encadrée par le principe selon lequel les actes de soins ne doivent pas relever d’une obstination déraisonnable, c’est-à-dire de soins « inutiles » ou « disproportionnés », ou encore de traitements n’ayant pour seul effet que le « maintien artificiel de la vie ». Un focus particulier a été consacré à l’application de la sédation profonde et continue : dans quelles situations peut-on y recourir pour un patient capable d’exprimer sa volonté ? La frontière entre soin et acharnement thérapeutique est étroite et engage la responsabilité des professionnels.

Cependant, des repères existent pour sécuriser les décisions et garantir le respect des normes éthiques et juridiques, notamment grâce à la procédure collégiale. Maîtriser ces protocoles permet de sécuriser les pratiques et d’assurer le respect de droits inaliénables.

Pour en savoir plus, voir le replay du webinaire « Droits et devoirs du patient » du 20/11/2025

 

Le patient violent et le patient radicalisé

Les injures, menaces, agressions, vols ou dégradations sont des réalités du milieu de la santé, abordées lors du séminaire du 20 novembre sur les droits et devoirs du patient dialysé.

La lourdeur et la fréquence du traitement de dialyse, indispensable à la survie du patient, peuvent générer un sentiment de frustration susceptible de se traduire par des comportements violents envers le personnel ou par le non-respect des règles de vie. Une approche stratégique, à la fois pratique et juridique, des outils de prévention, ainsi que des protocoles visant à assurer la sécurité des équipes, s’inscrivent dans un cadre légal destiné à protéger les professionnels et à permettre une gestion adaptée de ces situations délicates.

Par ailleurs, la prise en charge d’un patient radicalisé soulève chez les professionnels de santé un dilemme lié au respect du secret professionnel. L’identification d’une personne radicalisée repose en effet sur un faisceau d’indices : aucun élément isolé n’est suffisant. Le webinaire a proposé des clés de lecture pour mieux s’orienter face à ces situations complexes, rappelé la définition de la radicalisation et présenté des outils permettant de concilier devoir de protection d’autrui et respect du secret professionnel.

Pour en savoir plus, voir le replay du webinaire « Droits et devoirs du patient » du 20/11/2025

 

Save the date : 01/12/2025

La FHP-REIN organise un webinaire consacré au Contrat de soins, le jeudi 4 décembre 2025 de 14h30 à 16h00.

Les inscriptions sont ouvertes en cliquant sur ce lien.

 

MRC, un fléau mondial

Le taux de mortalité lié à l’insuffisance rénale chronique (IRC) a augmenté depuis 1990, passant de 24,9 pour 100 000 habitants à 26,5 pour 100 000 en 2023. L’IRC occupe désormais la douzième place parmi les causes d’invalidité dans le monde.

Avec près de 1,5 million de décès en 2023, elle représentait la neuvième cause de mortalité mondiale. Ces données proviennent d’une étude publiée dans The Lancet le 7 novembre 2025, portant sur l’évolution de l’insuffisance rénale chronique chez les adultes entre 1990 et 2023, ainsi que sur ses facteurs de risque attribuables.

« L’IRC représente une crise sanitaire mondiale croissante, pourtant une grande partie de son impact est évitable », souligne la Pr Lauryn Stafford, co-auteure de l’étude et chercheuse à l’Institute for Health Metrics and Evaluation (États-Unis).

Découvrir l’article

 

Stratégies sanitaires de prévention et de prise en charge de l’IRC

Afin d’estimer les besoins de la population et de contribuer à l’élaboration de stratégies sanitaires de prévention et de prise en charge de l’insuffisance rénale chronique, le réseau REIN recueille chaque année des informations sur l’ensemble des patients traités par dialyse ou par greffe.

Les résultats de l’étude intitulée Les patients avec une maladie rénale chronique non traités par suppléance sont à découvrir dans une publication coéditée par le bulletin du Registre REIN et l’Agence de la biomédecine, parue le 7 octobre 2025.

 

Au-delà des frontières

La clinique de l’Alma (75) a contribué à l’envoi de matériel au Sénégal, en soutien à l’association L’Espérance pour une dialyse plus sereine.

Cette initiative s’inscrit dans une démarche de coopération et de solidarité entre professionnels de santé, visant à améliorer les conditions de prise en charge des patients atteints d’insuffisance rénale.

Un grand merci à toutes les personnes impliquées dans la préparation et le transport des lits.

 

Opter pour une dialyse plus verte

Depuis plusieurs années, les soignants de l’Hôpital Privé de la Montagne-Lambert à la Garenne-Colombes (92) sont encouragés par la direction RSE du groupe à se pencher sur les questions écologiques. La parution en 2023 du Guide des bonnes pratiques de la dialyse verte de la Société Française de Néphrologie, Dialyse et Transplantation (SFNDT) a conduit l’équipe de néphrologie de l’hôpital à s’interroger sur les actions concrètes à mettre en œuvre pour verdir les 1 600 séances de dialyse réalisées chaque mois.


La première mesure retenue a concerné le traitement des lignes de dialyse. Jusqu’alors, les membranes des osmoseurs étaient systématiquement jetées dans les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI). Désormais, sauf pour les patients atteints d’une maladie infectieuse (VIH, hépatite, etc.), elles sont orientées vers les déchets d’activités de soins non dangereux (DASND). « Les chariots dont nous disposions pour le traitement des déchets étaient tout à fait adaptés », souligne Christelle Vecoven, cadre de santé en hémodialyse. « Le changement s’est fait en 24 heures. » Solène Augey, directrice déléguée, complète : « À l’échelle de l’établissement, cette mesure a permis de réduire de 50 % le volume de DASRI.  Nous sommes passés de neuf tonnes à quatre tonnes. C’est énorme ! Curieusement, nous n’avons pas observé d’augmentation proportionnelle des DASND. La réflexion sur le volume des déchets produits a mené à une prise de conscience et à une réduction des volumes. » De plus, il y a quelques années, les générateurs avaient été remplacés par des modèles plus ergonomiques. « Avant, lorsqu’il y avait un problème au niveau d’une fistule, il fallait tout retirer, tout jeter, tout recommencer. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas », précise Christelle Vecoven.


Dans un second temps, l’osmoseur utilisé pour le traitement d’eau, vieillissant et sujet à des pannes récurrentes, a été remplacé par un modèle plus économe en eau. Cet investissement a immédiatement conduit à une réduction de 32 % de la consommation d’eau. Elle est passée de 3 055 m³ au premier trimestre 2024 à 2 066 m³ sur la même période en 2025. L’osmoseur a été associé à une centrale d’acide. « La centrale d’acide présente plusieurs avantages », explique Christelle Vecoven. « Elle réduit les déchets plastiques et cartons, car les poches d’acide étaient livrées par paires dans des cartons. De plus, la cuve d’acide évite aux soignants de manipuler des poches de 4,7 litres nécessaires à chaque patient. 70 % du volume transporté par le personnel a été supprimé. »

Enfin, le dossier papier a disparu. Les Hémabox sont directement reliées aux générateurs, ce qui simplifie, sécurise le suivi et limite très fortement l’usage du papier.

Toutes ces initiatives sont expliquées aux patients lorsqu’ils manifestent de la curiosité. « Certains nous demandent pourquoi nous ne transportons plus de poches d’acide », raconte Christelle Vecoven. « Quand nous leur expliquons, ils sont contents pour nous : ils comprennent que cela allège notre travail sans changer leur prise en charge. Ils se montrent attentifs à notre bien-être. »

Ces changements, impulsés par Christelle Vecoven, sont largement soutenus par une équipe jeune et sensibilisée aux enjeux RSE. Toutes ces évolutions sont menées de façon participative. À chaque étape, les soignants ont été associés aux réflexions et informés des bénéfices concrets.

En dialyse, certains défis restent néanmoins à relever, souligne Solène Augey : « Le transport partagé est une piste mais elle est difficile à mettre en œuvre. Il existe déjà pour les patients en véhicule sanitaire léger, à condition d’obtenir leur accord. »

 

Credits photos : Istock.

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